La Seine, au niveau du quai de Grenelle à Paris, dimanche 28 janvier au soir. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

La Seine a atteint à Paris son pic de crue lundi 29 janvier, culminant à 5,84 m, soit moins qu’en juin 2016 (6,10 m), selon l’organisme de surveillance Vigicrues. Ce niveau le plus élevé, mesuré à la station de référence du pont d’Austerlitz à Paris, est resté inchangé de dimanche 23 h 21 à lundi 3 h 51.

« C’est une crue très lente, donc on ne peut pas parler de pic. On préfère dire que le plateau a atteint son maximum. Il va perdurer toute la journée de lundi avant d’amorcer une descente mardi », a détaillé à l’Agence France-Presse une porte-parole de l’organisme de surveillance Vigicrues, Rachel Puechberty.

Le pire est donc évité cette fois-ci, à savoir le scénario catastrophe d’une crue historique comme celle de 1910, où la Seine avait atteint 8,62 m. Mais les interrogations demeurent sur les dégâts potentiels pour la région parisienne.

« Il faudra un retour d’expérience », a déclaré lors d’une conférence de presse le préfet de Paris Michel Delpuech, qui veut voir « quand et comment les autorisations d’urbanisme ont été données ». « On sait que ces phénomènes vont se reproduire » et « il faut vraiment que, dans une logique de prévention, on évite ce type d’aménagement du territoire », a-t-il souligné.

Une attention particulière portée sur le secteur d’Elbeuf

Dimanche, les péniches restaient immobiles le long des quais parisiens, pour beaucoup submergés, les lampadaires baignant dans une eau marronnasse près de laquelle s’aventuraient quelques pêcheurs. Côté transports, sept gares parisiennes du RER C, en bordure de Seine, resteront fermées au moins jusqu’au 5 février.

En amont de Paris, le niveau de la Marne était encore en légère hausse dimanche après-midi, a souligné Vigicrues. L’onde de crue issue de l’Yonne poursuit sa progression sur la Seine et a dépassé la confluence avec le Loing, près de Fontainebleau.

En aval de Paris, sur les boucles de la Seine, la hausse se poursuivra jusqu’en début de semaine, prévoit Vigicrues, à des niveaux supérieurs à ceux de 2016 en raison de l’apport supplémentaire de l’Oise. Une attention particulière sera portée sur le secteur d’Elbeuf, près de Rouen, avec les marées hautes prévues lundi.

Sur l’île de Migneaux à Poissy (Yvelines), « tout le monde circule en barque », témoignait Serge Matikhine, le président du syndicat des propriétaires de l’île. « L’humeur est encore bonne, on a une certaine habitude : en 20 ans, on en est à notre huitième ou neuvième crue ». De l’autre côté de la Seine, à Carrières-sous-Poissy, 1 400 véhicules stationnés dans des parkings souterrains ont été déplacés dans des rues adjacentes, selon le maire de cette commune.

Des conséquences sur plusieurs jours

« Il n’y aura pas tout de suite de franche décrue, les niveaux vont rester élevés quelques jours », a précisé à l’AFP Mme Puechberty, de Vigicrues. Avec l’arrivée prochaine d’une onde de crue venant de la Marne, et des averses attendues en milieu de semaine, « il faudra attendre plus d’une semaine pour attendre des niveaux classiques pour la saison », a-t-elle ajouté.

Au total, 1 500 personnes ont dû quitter leur logement en Ile-de-France, a signalé dimanche la préfecture de police. 1 500 foyers restaient aussi privés d’électricité, « essentiellement dans l’est » de la région parisienne, selon Enedis, le gestionnaire du réseau.

Les crues qui touchent diverses régions françaises résultent de fortes précipitations sur des sols gorgés d’eau. Les mois de décembre et janvier sont les plus pluvieux depuis le début des relevés en 1900, selon Météo-France.

Météo-France laissait encore dimanche soir 10 départements « en vigilance orange en raison des crues sur les bassins de la Seine, de la Saône et de leurs affluents ». Sur la Saône, l’onde de crue se propageait dimanche entre Chalon-sur-Saône et Tournus, avec un niveau maximum qui a été atteint dans la journée de dimanche.