Une file de voitures à l’entrée de l’usine Volkswagen, à Wolfsburg, en Allemagne. / AXEL SCHMIDT / REUTERS

Empêtrés dans le scandale du « dieselgate », certains constructeurs allemands semblent avoir été prêts à toutes les expériences pour prouver l’innocuité du diesel. Le Groupe européen de recherche sur l’environnement et la santé dans les transports (EUGT), organisme financé par Volkswagen, Daimler et BMW, aurait procédé à une étude scientifique pour mesurer les effets de l’oxyde d’azote (Nox) sur des cobayes humains. En septembre 2015, Volkswagen avait reconnu avoir truqué les moteurs de 11 millions de ses véhicules pour minorer les rejets de Nox lors des tests d’homologations.

Environ 25 jeunes adultes en bonne santé auraient été contraints d’inhaler pendant plusieurs heures du Nox à des doses variées, rapporte lundi 29 janvier la Stuttgarter Zeitung, le quotidien de Stuttgart, la capitale du Bade-Wurtemberg où Daimler a son siège. Les tests étaient effectués dans un institut lié à l’université d’Aix-la-Chapelle. Publiée en 2016, après l’affaire des moteurs truqués de Volkswagen, l’étude n’a pas pu déterminer l’impact des gaz d’échappement sur les cobayes, selon le quotidien.

Daimler s’est dit « consterné » par « la mise en place et l’ampleur de ces tests » et a « condamné fermement » cette étude. La firme de Stuttgart qui produit les Mercedes assure n’avoir aucun lien avec ces recherches mais indique qu’elle va tout de même diligenter une enquête.

« Aussi immonde qu’absurde »

Ces révélations interviennent quelques jours après celles du New-York Times. Sur la base de documents issus de la procédure judiciaire visant Volkswagen aux Etats-Unis, le quotidien américain affirme que l’EUFT a également réalisé ses expérimentations sur des singes. Dix primates enfermés dans une pièce devant des dessins animés ont dû respirer les gazs d’échappement d’une Beetle, la successeuse de la légendaire Coccinelle. Cette fois, l’expérimentation a été menée dans un laboratoire d’Albuquerque, aux Etats-Unis, en 2014. Deux ans plus tôt, l’Organisation mondiale de la santé avait classé le diesel comme cancérogène.

Le constructeur allemand a présenté ses excuses jugeant cette « méthode scientifique inappropriée ». Stephan Weil, le ministre-président de la Basse-Saxe, actionnaire majoritaire de Volkswagen, l’a jugée « aussi immonde qu’absurde ».

Ces nouveaux éléments devraient intéresser les juges du pôle santé du tribunal de grande instance de Paris chargés de l’information judiciaire pour « tromperie aggravée » qui vise Volkswagen. Entendu comme témoin assisté en mars 2017, le groupe allemand « conteste bien évidemment que les véhicules qu’elle a commercialisés aient pu, par leur utilisation, présenter un quelconque danger pour la santé de l’homme ou de l’animal, ainsi qu’il est prétendu dans la convocation qui nous a été adressée », selon le procès-verbal d’audition que Le Monde a pu consulter.

Une étude publiée en mai 2017 dans la revue Nature évaluait à 38 000 le nombre de morts prématurées causées à l’échelle de la planète en 2015 par les excès d’oxyde d’azote du « dieselgate ».