Déjà 820 cas depuis janvier 2017, 82 morts au total : une épidémie de listériose fait des ravages en Afrique du Sud. Et d’après le bilan rendu public vendredi 25 janvier par les autorités sanitaires du pays, la contagion – la plus importante jamais enregistrée à l’échelle mondiale – ne montre aucun signe d’essoufflement. La source de la contamination n’a toujours pas été formellement identifiée.

Depuis que l’épidémie a été officiellement déclarée, le 5 décembre 2017, le nombre de décès a doublé. A mesure que les informations sur les patients concernés vont remonter, le bilan pourrait encore s’alourdir. Dans son dernier rapport sur la situation, l’Institut sud-africain de santé publique précise que les données finales sont disponibles pour seulement 29 % des cas (soit 238 sur 820), dont 34 % d’entre eux, soit 82 patients, sont décédés.

La listériose se transmet le plus souvent par l’intermédiaire d’aliments contaminés par la bactérie Listeria monocytogenes. Celle-ci peut se retrouver dans les sols, l’eau, la végétation et certaines selles animales. Principalement présente dans les produits laitiers non pasteurisés et dans certains aliments prêts à consommer, elle est capable de se développer même réfrigérée.

Septicémies

Dans la plupart des cas, la maladie provoque des symptômes s’apparentant à ceux de la grippe (fièvre, vomissements) et peut se traiter avec des antibiotiques. Mais pour les sujets à risque, comme les nouveau-nés, les femmes enceintes, les personnes âgées, et les patients dont le système immunitaire est affaibli des suites d’un cancer ou du sida par exemple, elle peut être fatale.

« La listériose se caractérise par un taux de mortalité relativement haut, entre 20 % et 25 %, en comparaison aux autres pathogènes d’origine alimentaire comme la salmonelle. Dans la forme la plus agressive de la maladie, la bactérie se propage au-delà de l’intestin et infecte d’autres parties du corps », affirme le docteur Lucia Anelich, une spécialiste en microbiologie et en sécurité alimentaire basée à Pretoria. Les complications peuvent engendrer des méningites et des septicémies. Les femmes enceintes, qui ont vingt fois plus de risques d’être infectées, peuvent en outre transmettre la maladie à leur enfant, ce qui peut engendrer des bébés mort-nés ou des septicémies à l’accouchement.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé le 12 janvier que cette épidémie est la plus importante jamais recensée. « Des éclosions de listériose se produisent dans le monde entier. Mais parmi celles qui sont documentées, les chiffres sont généralement plus bas, bien plus bas que l’épidémie actuelle que connaît notre pays », estime le docteur Anelich. Le dernier épisode significatif remonte à 2011, aux Etats-Unis. La bactérie avait contaminé des cantaloups – une variété de melons – d’une ferme du Colorado, causant 33 morts.

Cette fois, c’est la province du Gauteng, qui englobe les métropoles de Johannesburg et Pretoria, le cœur économique et politique de l’Afrique du Sud, qui est la plus touchée. Toutes les catégories socio-économiques sont concernées, cependant plus de 40 % des cas sont des nourrissons.

Quel aliment responsable ?

Jusqu’à présent, les autorités sanitaires n’ont pas pu mettre la main sur l’aliment responsable. Le délai d’incubation peut prendre huit semaines, ce qui complique la recherche car les patients se souviennent plus difficilement de ce qu’ils ont mangé. « Plus de 85 % des listerias retrouvées chez les patients concernés viennent de la même souche (la ST6), détaille l’Institut de santé publique. Cela conforte l’hypothèse actuelle selon laquelle une seule source de contamination alimentaire est à l’origine de l’épidémie. Il doit s’agir d’un produit alimentaire largement consommé dans tout le pays, ou de plusieurs produits différents issus d’un même site de production. »

Les inspections se concentrent sur les aliments prêts à manger, comme les saucisses, les viandes froides prédécoupées, le poulet fumé, les pâtés, qui ne sont pas réchauffés avant consommation. Des produits populaires en Afrique du Sud, et consommés par toutes les couches sociales.