Il faut sauver le soldat Darmanin. Dès l’annonce de l’ouverture d’une enquête préliminaire pour viol à l’encontre de Gérald Darmanin, samedi 27 janvier, le gouvernement est monté au créneau pour défendre le ministre de l’action et des comptes publics. Moins de deux heures après la parution de l’édition datée des 28 et 29 janvier du Monde, qui a révélé l’information, Matignon a adressé un message à l’AFP et à BFM-TV indiquant que « M. Darmanin a toute [l]a confiance » du premier ministre Edouard Philippe.

Selon l’entourage du chef du gouvernement, « M. Darmanin a été d’une totale transparence vis-à-vis des faits » et avait « rapporté au premier ministre l’accusation dont il faisait l’objet ». « La justice est de nouveau saisie et elle doit pouvoir travailler en toute indépendance », ajoute-t-on à Matignon, rappelant que l’exclusion automatique du gouvernement ne vaut qu’en cas de mise en examen. Interrogé par Le Monde, l’Elysée n’a pas souhaité réagir.

Du côté du gouvernement, la solidarité prime également. Invitée dimanche sur RTL, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, a estimé que M. Darmanin pouvait « rester au gouvernement ». Le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, a indiqué, dimanche sur BFM-TV, que l’ancien proche de Nicolas Sarkozy aurait « à se défendre, et qu’il [aurait] à amener tous les éléments pour parfaire sa défense, mais c’est la présomption d’innocence qui bien évidemment s’applique à lui, comme à tout concitoyen ». « Il est important que le pouvoir judiciaire puisse travailler sereinement », a abondé Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, lundi 29 janvier sur France Inter.

Un certain embarras

D’habitude prompts à défendre l’un des leurs, les parlementaires de La République en marche (LRM) se sont montrés discrets. Signe d’un certain embarras, aucun député de la majorité ne s’est fendu d’un Tweet pour soutenir M. Darmanin, qui a rejoint le mouvement macroniste en novembre. Seul Richard Ferrand s’est permis de rappeler, dimanche sur France 3, que l’ancien maire de Tourcoing avait « la confiance du premier ministre et de la majorité ». « Toute personne qui subit une plainte est condamné à souffrir en silence jusqu’à ce que la justice dise le droit », a ajouté le député (LRM) du Finistère, en faisant allusion à l’affaire des Mutuelles de Bretagne dans laquelle il est lui-même impliqué.

Mais l’opposition se montre, elle aussi, discrète. Seule la sénatrice (PS) de l’Oise, Laurence Rossignol, s’est permis de critiquer ouvertement le ministre des comptes publics. Dimanche, sur Radio J, la socialiste a déclaré que les faits étaient « embarrassants » pour un gouvernement « qui a inscrit l’égalité hommes-femmes au premier plan de ses projets pour le quinquennat ». « On est là sur une accusation au cœur de ce que le combat féministe porte aujourd’hui, l’articulation entre les violences sexistes, sexuelles et les inégalités, a ajouté l’ancienne ministre des familles et des droits des femmes, estimant que c’est à la justice de qualifier les faits et d’établir la réalité des faits. »