La centrale de Fessenheim, la plus vieille de France, doit fermer à la fin de l’année 2018. / VINCENT KESSLER / REUTERS

La passe d’armes à distance entre EDF et Nicolas Hulot sur le nucléaire continue. Le ministre de la transition écologique et solidaire avait accepté, en octobre, de renoncer à l’un des piliers de la loi de transition énergétique votée en 2015. L’objectif de parvenir à diminuer la part de nucléaire à 50 % de la production électrique française dès 2025 a été remis à plus tard.

Mais le ministre n’a pas renoncé à diminuer la part du nucléaire à un horizon de 2030 ou 2035. Or, l’année 2018 est charnière de ce point de vue : la France est en train d’élaborer son projet énergétique pour les cinq ans à venir, à travers l’exercice de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).

Nicolas Hulot, ministre de tutelle d’EDF, a expliqué à plusieurs reprises que cette PPE serait l’occasion de fixer, dès la fin de l’année 2018, le cadre précis de fermeture des réacteurs nucléaires, avec notamment un calendrier et des noms de réacteurs concernés.

Mais, du côté d’EDF, on se montre beaucoup plus prudent et on propose plutôt de prolonger la durée de vie des centrales le plus longtemps possible. « On a clairement un objectif d’amener nos réacteurs à 50 ans, ce qui ferait des premiers arrêts à partir de 2029 », a expliqué Philippe Sasseigne, directeur du parc nucléaire français d’EDF, lors d’une rencontre avec des journalistes, mardi 30 janvier.

« Il est raisonnable d’amener des réacteurs à 50 ans et d’autres à 60 ans pour étaler » les fermetures, a-t-il argumenté.

La France compte actuellement 58 réacteurs, dont une grande partie aura 40 ans entre 2019 et 2025. Cette décision de prolonger la durée de vie des réacteurs au-delà de 40 ans, puis de 50 ans, appartiendra à l’Autorité de sûreté nucléaire.

Le seule fermeture de centrale programmée est celle de Fessenheim, en Alsace, mais qui sera remplacée par le lancement du nouveau réacteur EPR de Flamanville, a priori début janvier 2019.

L’argument d’EDF est économique : prolonger la durée de vie des centrales signifie qu’il faut investir pour les mettre progressivement aux normes de sûreté. « On veut de la visibilité et engager des grosses dépenses sur des réacteurs qui ne dureraient que 3 ou 4 ans n’aurait pas de sens », a fait valoir Philippe Sasseigne.

Cette stratégie a été définie par EDF dès 2016, explique-t-on au sein du groupe. Bien avant que Nicolas Hulot ne devienne ministre, et que les débats sur la feuille de route énergétique de la France ne s’engagent.

Le programme lancé pour allonger la durée de vie du parc, appelé grand carénage, se monte à 46 milliards d’euros pour la période 2014-2025.