Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait déjà affiché sa volonté de supprimer 120 000 emplois dans la fonction publique. Une annonce qui avait suscité de l’impopularité parmi les rangs des fonctionnaires. Depuis son élection, le président de la République le leur rend bien. / Michel Spingler / AP

Les contours de la mesure sont encore flous, mais la volonté, elle, est clairement affichée. Le gouvernement entend « lancer un plan de départs volontaires pour ceux qui souhaiteraient partir, en conséquence des réformes de l’Etat », a annoncé, jeudi 1er février, Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics.

Aussitôt, les syndicats – avec lesquels une concertation aura lieu au cours de l’année sur le sujet, selon le ministre – ont dénoncé une « attaque » (CGT, UNSA), voire un « dynamitage de la fonction publique » (Solidaires). « Nous avons affaire à un président de la République et à un gouvernement qui sont en train de s’attaquer frontalement à la fonction publique », a réagi Jean-Marc Canon (CGT).

Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait déjà affiché sa volonté de supprimer 120 000 emplois dans la fonction publique. Une annonce qui avait suscité de l’impopularité parmi les rangs des fonctionnaires. Depuis son élection, le chef de l’Etat et son gouvernement multiplient les mesures d’économies et dans la fonction publique.

  • Jour de carence

M. Macron l’avait promis durant sa campagne. L’Assemblée nationale a voté en novembre 2017 le rétablissement d’un jour de carence dans la fonction publique en cas d’arrêt maladie. Depuis le 1er janvier, l’arrêt maladie des fonctionnaires n’est rémunéré qu’à partir du deuxième jour.

Créé en 2012 sous le mandat de Nicolas Sarkozy, le jour de carence avait été supprimé en 2014 par la gauche. Marylise Lebranchu, la ministre de la fonction publique de l’époque, avait jugé cette mesure « injuste, inutile et inefficace ».

« Il permet de lutter contre le micro-absentéisme qui désorganise les services, alourdit la charge de travail des collègues en poste et coûte environ 170 millions d’euros par an », avait déclaré M. Darmanin, en juillet 2017, pour justifier le rétablissement du jour de carence.

La mesure est jugée « injuste » par les syndicats, alors que dans le privé, où la carence est de trois jours, celle-ci est bien souvent compensée par les mutuelles ou l’employeur.

  • Gel du point d’indice

Un an avant l’élection présidentielle, en mars 2016, François Hollande avait décidé de rompre avec six années de gel du point d’indice, qui sert de base au calcul du traitement des fonctionnaires, actant une hausse de 1,2 %.

Dès juin 2017, M. Darmanin a annoncé qu’il n’y aurait pas de nouvelle augmentation de ce point d’indice. Ce retour au gel a provoqué la colère des syndicats. La FSU a dénoncé un « prisme comptable », fustigeant une décision « aussi injuste qu’inefficace » qui va « bloquer la rémunération de 20 % de la population ». Force ouvrière a déploré des « pertes de pouvoir d’achat ».

Car un indice qui n’augmente pas, c’est une rémunération qui stagne, et c’est aussi équivalant à une baisse de salaire masquée.

La mécanique de l’économie est ainsi faite : les prix augmentent régulièrement. C’est l’inflation. Les revalorisations du point d’indice (ou celle des allocations, des salaires du privé, etc.) accompagnent théoriquement cette hausse globale des prix.

Mais si les prix augmentent alors que les salaires stagnent, comme c’est le cas pour les fonctionnaires, en pratique, c’est une perte de pouvoir d’achat.

  • Contribution sociale généralisée (CSG)

Pour les fonctionnaires, la hausse de 1,7 point de la CSG ne s’accompagne pas, comme pour les salariés du privé, d’une suppression des cotisations maladie et chômage. Elle est juste compensée. Ce qui se traduit par aucun gain de pouvoir d’achat.

Or, rappellent les fonctionnaires, pendant la campagne présidentielle, M. Macron s’était engagé à leur faire bénéficier du même avantage que les autres. « J’augmenterai votre pouvoir d’achat, comme celui des salariés des entreprises : vous paierez moins de cotisations et votre salaire net sera augmenté d’autant », écrivait le candidat d’En marche !, en avril 2017.

Le mécanisme de compensation n’est pas encore fixé dans les détails, mais il devrait s’agir, a indiqué l’entourage de M. Darmanin, « d’une prime associée à une baisse des cotisations pour ceux qui en payent ».

Les syndicats en contestent les modalités, telles que le gouvernement les leur a présentées : en l’état, la compensation ne concernerait pas tous les fonctionnaires.

  • Suppressions de postes

Sous Nicolas Sarkozy, 150 000 postes avaient disparu dans la fonction publique d’Etat. Le gouvernement d’Edouard Philippe se défend d’être dans « une approche comptable ». Pour preuve, l’entourage de M. Darmanin rappelle que seuls 1 600 postes seront supprimés en 2018.

Mais Emmanuel Macron, durant la campagne présidentielle, a annoncé sa volonté de supprimer 120 000 postes dans la fonction publique.

Le gouvernement a prévu une enveloppe de 700 millions d’euros sur le quinquennat pour accompagner la transformation de l’action publique, dont 200 millions d’euros dès 2018. Cette somme servira notamment à financer ce plan inédit de « départs volontaires » dans la fonction publique.

De leur côté, les organisations syndicales doivent se retrouver mardi 6 février. La question d’une nouvelle mobilisation des fonctionnaires sera posée. La dernière journée de grève remonte au 10 octobre 2017.