Photo d’illustration - Limoges 2015. / JEAN-PIERRE MULLER / AFP

La filière Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) est l’une des plus demandées à l’université. Face au manque de places, les facultés devaient depuis quelques années tirer au sort les candidats en surnombre. La situation devrait changer à la rentrée 2018, avec les nouvelles règles d’accès à l’université.

Avec quels critères vont-elles demain trier les candidats ? Quelle importance ont les matières scientifiques en STAPS ? Y’aura-t-il plus de places à la prochaine rentrée ? A l’occasion de notre journée de direct consacrée à Parcoursup, mercredi 24 janvier, Didier Delignières, directeur de l’UFR de Staps de l’université de Montpellier et président de la conférence des doyens de Staps répondait aux questions de nos lecteurs. Voici ses réponses.

Qu’est ce qui change pour accéder en STAPS ? (guih86)

Il y a un accroissement des capacités d’accueil donc il y a plus de chances qu’avant d’entrer dans la filière. La principale différence c’est qu’avant les places étaient distribuées par tirage au sort, et dorénavant cela se fera pas une étude du dossier. Les candidats qui ont les compétences les plus favorables entreront en priorité.

Sur quels critères seront retenus les candidats au Staps ? (saphir)

Ces critères ont été affichés sur Parcoursup. Toutes les licences Staps utiliseront les mêmes critères, car nous avons tenu à ce que les départements Staps ne soient pas en concurrence les uns avec les autres.

– Il y a premièrement le critère de compétences scientifiques. Il sera évalué sur les notes de première et de terminale dans les disciplines scientifiques, (mathématiques, SVT, sciences de l’ingénieur, etc.)

– Les compétences littéraires et argumentaires. Ce critère sera aussi évalué au travers des notes en français (épreuves anticipées), en philosophie, en sciences économiques et sociale (SES), etc. Soit tout ce qui sera disponible dans le dossier du candidat en fonction de sa série de bac.

– Ensuite il y aura les compétences sportives, attestées par des attestations : niveau loisirs, départemental… jusqu’à sportif de haut niveau.

– Il y aura l’engagement associatif et les responsabilités collectives. C’est tout ce que le candidat peut faire valoir en termes d’expériences et de qualifications sur l’animation (par exemple le BAFA), sur l’entraînement sportif, ou la sécurité (secourisme, pompier volontaire, etc.). Et puis tous les autres engagements citoyens qu’il peut avoir (membre de conseil municipal des jeunes, membre d’association, service civique, etc.).

- Il y aura enfin la fiche avenir avec l’avis du conseil de classe.

Ces cinq critères seront notés sur 30 points, ce qui fait un total sur 150 qui permettra de classer les candidats. Ce ne sera qu’un premier tri car il y aura beaucoup d’ex æquo. Nous allons trouver la solution la plus juste et la plus transparente pour les départager.

Un document du ministère parle de la lettre de motivation (projet de formation motivé) qui sera prise en compte pour examiner les vœux. Ne nous dites pas que vous allez tous les lire ! Si ? (Tom)

Nous allons en effet recevoir un projet de formation motivé pour tous les étudiants. On estime que chaque UFR va recevoir plusieurs milliers de candidatures.

Si la question est de savoir si on va éplucher toutes les lettres, certainement pas. Nous allons faire un premier tri à partir du dossier et des notes en première et terminale, des compétences sportives et de l’engagement associatif. Ensuite, il faudra être beaucoup plus fins dans le classement des candidats, donc on aura un regard sur leur projet de formation. Nous regarderons cette lettre pour un certain nombre de candidats qui ne seraient pas départagés par le premier tri.

Je postule pour Staps en Ile-de-France, cela correspond à un vœu. Dois-je classer les universités (Paris, Orsay, Créteil…) par ordre de préférence, ou chaque université étudiera mon dossier et me donnera une réponse quel que soit l’ordre ? (val92)

Dans le cadre des vœux multiples, le dossier sera traité par tous les UFR inclus dans le vœu multiple. Mais, à la fin, c’est bien l’étudiant qui choisit où il veut aller. Il recevra, par exemple, plusieurs oui, de plusieurs UFR, et c’est lui qui choisira. On ne lui imposera pas.

Y aura-t-il des places en plus en Staps à la rentrée 2018 ? Où ? (chamcham)

Un pointage sur Parcoursup montre qu’il y a 1 989 places en plus pour cette session. Ce sont quelque 1 600 places de licence qui sont donc créées, et 400 places en DUST (diplôme professionnel à bac +2). Parmi elles, il y a des places créées par l’ouverture de nouvelles antennes ou formations autonomes, comme à Nîmes. Mais aussi les UFR Staps qui le pouvaient ont fait l’effort d’accroître leur capacité d’accueil.

C’était un deal avec le ministère : si on regardait maintenant les dossiers des candidats sans accroître les capacités d’accueil, on faisait de la sélection pure et dure. Nous avons donc joué le jeu en poussant les murs. Le ministère a aussi débloqué des moyens pour cela.

« Fac checking », le vrai du faux de la filière Staps en 4 minutes
Durée : 04:10

Les activités extrascolaires et tout ça, que vous allez prendre en compte, n’avez-vous pas peur que ça discrimine certains jeunes plus favorisés ? (Mam)

C’est évidement un problème auquel nous avons pensé. On sait bien que ces activités sont distribuées de manière inégalitaire socialement. Nous essayons donc d’avoir une gamme de compétences et d’activités la plus diversifiée possible. Ce sera bien moins inégalitaire que si nous avions seulement pris en compte les résultats scolaires.

A-t-on plus de chances d’être pris en Staps prépa kiné qu’en Staps ? (Gil)

Il y a, en effet, une distinction sur Parcoursup entre ces deux offres. Je pense en effet que la barre risque d’être placée beaucoup plus haut en prépa kiné Staps qu’en Staps. Un exemple : si vous allez au Mans, il y a 190 places en licence académique, et seulement 30 en prépa kiné. Ces capacités d’accueil plus limitées vont déterminer la difficulté à y entrer.

Quelles sont les compétences les plus favorables attendues pour entrer au Staps ? (saphir)

Nous avons jugé important de traiter toutes les compétences (scientifiques, sportives, littéraires, engagement associatif, fiche avenir) au même niveau : sur 30 points (voir question précédente). Certains candidats entreront donc sur leurs compétences sportives, d’autres plutôt grâce à leurs compétences scolaires.

Si Parcoursup ne dit jamais non, c’est possible alors de rester en attente pendant tout l’été ? Quand est-ce qu’on sait que ça sert plus à rien d’espérer ? (nono)

Parcoursup ne dit en effet non que pour les filières sélectives. Nous sommes non sélectifs : Parcoursup répondra donc, en effet, « en attente ». Le processus va être réalisé au fil de l’eau à partir du 22 mai, date à laquelle les réponses arriveront. Le ministère a dit qu’au moment du baccalauréat, en juin, 70 % des candidats auraient une réponse. De toute façon, la situation ne pourra jamais être pire que l’année dernière.

A quoi ça sert d’être bon en français ou en philo en fac de sport ? (Pedrito)

Il se trouve que ce sont des études universitaires et nous formons des gens qui auront toujours des métiers dans ces domaines dans quinze ou vingt ans. Ils devront construire leur carrière et s’adapter aux évolutions du domaine professionnel. Ils auront besoin de communiquer, d’écrire, d’analyser, etc.

Il ne faut pas s’imaginer que nos métiers ne sont que des métiers d’intervenants auprès du public. Nous ne formons pas que des moniteurs de sport, mais aussi des entrepreneurs, des manageurs, des communicants, des conseillers, des cadres, etc.