Lucas avec le maillot du PSG, en 2016. / FRANCK FIFE / AFP

Plus les heures s’écoulaient et plus la question devenait pressante : quels joueurs le Paris-Saint-Germain allait-il vendre avant le terme du marché des transferts d’hiver, mercredi 31 janvier à minuit ? En principe, ce mercato devait permettre au club de la capitale de céder plusieurs éléments afin de dégager des revenus substantiels. Le PSG doit en effet générer 75 millions d’euros d’ici la clôture de ses comptes, le 30 juin, afin d’échapper à une sanction dans le cadre du fair-play financier (FPF), ce mécanisme lancé par l’Union des associations européennes de football (UEFA) en 2011, et en vertu duquel les équipes continentales ne doivent dépenser plus qu’elles ne gagnent.

Déjà pénalisé en 2014, le PSG fait l’objet, depuis septembre 2017, d’une enquête diligentée par l’Instance de contrôle financier des clubs (ICFC). Et la gestion du mercato hivernal par les dirigeants parisiens était un « élément déterminant » aux yeux des experts du FPF. « Il est clair que le PSG enverrait un bon signe s’il affichait un solde positif après ses activités de janvier », souligne une source proche de l’enquête de l’ICFC.

Le PSG n’a cédé que Lucas

Mais force est de constater que le club parisien ne s’est guère distingué sur le plan des ventes. Il n’a cédé qu’un seul joueur, le Brésilien Lucas, recruté 40 millions d’euros en 2012. Lassé de croupir sur le banc des remplaçants voire dans les tribunes du Parc des Princes, l’ailier s’est engagé, à quelques heures du terme du mercato, jusqu’en 2023 avec le club londonien de Tottenham, contre 28 millions d’euros (hors bonus).

Quant au Portugais Gonçalo Guedes, acheté à Benfica en janvier 2017 (30 millions d’euros), il ne devrait pas être vendu avant juin à l’équipe de Valence, à laquelle il est prêté depuis septembre. Parmi les joueurs susceptibles de quitter le paquebot parisien cet hiver, les Argentins Angel Di Maria et Javier Pastore ont, eux, choisi de rester dans la capitale.

S’il a alourdi sa masse salariale, le PSG n’a en revanche pas versé d’indemnités de transferts en recrutant le milieu international français Lassana Diarra, 32 ans, libre depuis la résiliation de son contrat avec Al-Jazira (Emirats arabes unis). Une donnée qui pourrait compter dans le cadre de la procédure ouverte par l’ICFC.

Les enquêteurs ont déjà passé à la loupe le transfert record du Brésilien Neymar, acheté en août 2017 contre 222 millions d’euros au FC Barcelone, et le prêt avec option d’achat par Monaco de Kylian Mbappé (145 millions d’euros + 35 millions d’euros de bonus). Les experts du FPF n’ont rien trouvé à redire quant à ces deux transactions.

En revanche, selon un proche de l’enquête, l’ICFC se penche actuellement « sur les valeurs et montants des contrats de sponsoring » (notamment avec la Qatar National Bank, Ooredoo, l’opérateur de téléphonie qatari) du PSG. Et ce alors que les revenus du club ont baissé de 35 millions d’euros au terme de l’exercice 2016-2017 (486 millions), d’après le classement annuel de la Football Money League, établi par le cabinet d’audit Deloitte.

Les experts du FPF se focalisent sur le contrat d’image mirobolant (175 millions d’euros par saison) scellé, en août 2016, par le fonds Qatar Sports Investments, propriétaire du PSG depuis 2011, avec l’Autorité du tourisme du Qatar (QTA). En 2014, le précédent partenariat (200 millions d’euros par saison) avec QTA avait été décoté de moitié par l’UEFA.

« Fair-play financier 2.0 »

« Nous nous donnons entre six à sept semaines pour vérifier les comptes, budgets, montants des contrats avant de rendre nos conclusions et les échanger, les confronter avec les chiffres du PSG, qui collabore de manière exemplaire, souffle une source proche de l’enquête. Nous n’excluons pas d’auditionner de nouveau les dirigeants du club. » Les experts du FPF peuvent décider de « classer l’affaire sans suite » mais, en cas de sanctions, celles-ci pourraient aller du blâme à « l’exclusion de compétitions futures, le retrait d’un titre ou d’une récompense ».

Selon nos informations, le PSG figure parmi les clubs conviés à participer à un groupe de travail qui planche sur la refonte du mécanisme du FPF. Ce projet baptisé « Fair-play financier 2.0 » sera voté le 24 mai, lors d’une réunion du comité exécutif de l’UEFA, et appliqué dès la saison prochaine. La réforme phare consisterait à plafonner à 100 millions d’euros le déficit de la balance entre les achats et les ventes de joueurs au cours d’une saison.

« C’est dans la lignée de ce qu’a annoncé le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, indique-t-on à Nyon, au siège de la Confédération européenne. On tend vers un raffermissement des règles. » Très dépensiers sur le marché des transferts, les dirigeants du PSG sont donc prévenus : ils devront vendre mieux, et plus, pour acheter.