Lauri Love, accusé par les Etats-Unis d’avoir piraté l’armée américaine, pourra être jugé en Angleterre. | Kirsty Wigglesworth / AP

L’armée américaine, la NASA ou encore la Réserve fédérale… Lauri Love, à la fois britannique et finlandais, est accusé d’avoir piraté les systèmes de plusieurs organisations fédérales américaines entre 2012 et 2013. Lundi 5 février, la justice britannique a bloqué son extradition vers les Etats-Unis, annulant l’ordre signé en 2016 par le ministère de l’intérieur britannique (qui s’alignait lui-même sur la décision d’un tribunal londonien deux mois plus tôt).

Les Etats-Unis avaient demandé que Lauri Love leur soit remis : l’homme est poursuivi dans trois Etats pour accès illégal à un ordinateur d’une agence américaine, complot, piratage informatique et vol aggravé d’identité. Il est entre autres accusé de s’être infiltré dans les serveurs de la Réserve fédérale pour y voler des informations confidentielles puis de les avoir diffusées sur Internet.

Il est notamment soupçonné d’avoir rejoint, voire coordonné, l’opération #OpLastResort, lancée par le collectif Anonymous, en soutien à Aaron Swartz — un étudiant poursuivi pour avoir téléchargé des millions d’articles scientifiques, qui s’est suicidé le 11 janvier 2013. Des sites Internet d’agences fédérales avaient alors été piratés. Lauri Love avait été arrêté à son domicile en octobre 2013.

Risque de suicide

Les avocats du trentenaire, atteint du syndrome d’Asperger et souffrant de dépression, ont estimé qu’il serait « injuste et oppressif » de l’envoyer aux Etats-Unis pour y être jugé. Ils avaient évoqué, lors d’une audience en novembre, le risque d’un suicide en cas d’extradition et avaient plaidé pour qu’il soit jugé en Angleterre.

Après l’annulation de son extradition, Lauri Love, s’exprimant face à un parterre de journalistes et de personnes venues le soutenir, s’est dit « reconnaissant et soulagé ».

« Cette décision affecte bien évidemment ma vie, mais si je suis passé par cette épreuve, ce n’est pas seulement pour m’épargner d’être enlevé et enfermé pendant quatre-vingt-dix-neuf ans [la peine qu’il encourt] dans un pays où je ne suis jamais allé. C’est un précédent qui évitera que cela n’arrive à d’autres. »

La justice britannique a « reconnu que la prise en charge de la santé mentale dans les prisons américaines n’était pas suffisamment adéquate pour garantir que Lauri [Love] ne subisse pas un grave préjudice en cas d’extradition », a salué dans un communiqué le cabinet Kaim Todner, qui représente Lauri Love. Reste toujours la possibilité d’un appel du Crown Prosecution Service (CPS, équivalent du parquet français) : auquel cas, l’affaire pourrait être renvoyée devant la Cour suprême britannique.