La femme d’Yvan Colonna, Stéphanie Colonna, a interpellé Emmanuel Macron à la sortie du musée Fesch à Ajaccio, le 6 février. / Olivier Laban-Mattei/Myop pour « Le Monde »

Mardi 6 février au soir, Emmanuel Macron sort du musée du Palais Fesch, à Ajaccio, qu’il a visité pendant une heure en compagnie du maire de la ville, Laurent Marcangeli, avant de rencontrer les deux dirigeants nationalistes de la collectivité de Corse, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni. Une petite foule de badauds guette sa sortie, comme tout au long de son déplacement. Le président de la République, fidèle à ses habitudes, va vers eux pour les saluer. Une jeune femme brune s’avance vers lui.

« Bonjour, je suis la femme d’Yvan Colonna, l’interpelle-t-elle. Mon fils de 6 ans n’a pas vu son père depuis un an et demi. S’il vous plaît, faites quelque chose. Ce n’est pas un animal, c’est un être humain. Il doit être près de sa famille. »

Stéphanie Colonna est la deuxième femme d’Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, le 6 février 1998. Elle l’a épousé en prison et ils ont eu un enfant, né le 1er décembre 2011. Yvan Colonna est incarcéré à la centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône).

« Vous m’avez entendu ce matin… », tente de répondre M. Macron. Lors de la cérémonie d’hommage au préfet Erignac qui s’est déroulée dans la matinée, le président de la République a affirmé que la justice devait s’appliquer « sans oubli, sans complaisance, sans amnistie. »

« J’ai été choquée ce matin »

Les mots de Stéphanie Colonna, au bord des larmes, se bousculent. « J’ai été choquée ce matin. Mais je ne parle pas d’amnistie. Il est privé de liberté, d’accord. Personne ne pourra jamais oublier ce qui s’est passé. Mais j’ai un petit de 6 ans. Il n’a pas vu son père… », peine-t-elle à finir, la voix étranglée par les sanglots.

Le ton de M. Macron se fait cette fois bienveillant, presque apaisant. « Que votre enfant puisse voir son père, que les personnes qui sont détenues dans notre pays puissent voir leur famille, ça fait partie des choses que nous allons assurer, lui dit-il. Vous me regardez dans les yeux. Je ne vous mens pas. »

« Je compte sur vous, monsieur le président », souffle Stéphanie Colonna, avant de récupérer son enfant, qu’elle avait confié à une proche, et de s’éloigner dans la nuit.

Assassinat de Claude Erignac : l’affaire résumée en 3 minutes
Durée : 03:02