Edouard Philippe et Christophe Castaner, mardi 6 février, à l’Assemblée nationale. / JACQUES DEMARTHON / AFP

La promesse de campagne d’Emmanuel Macron n’a pas été complètement enterré. Dans une retransmission en live sur Facebook, le premier ministre, Edouard Philippe, a évoqué, mardi 6 février, la « désocialisation » des heures supplémentaires – c’est-à-dire la suppression des cotisations des employeurs et des salariés – à l’horizon 2020.

« On s’est engagé à le faire, donc on va le faire », a poursuivi le premier ministre, alors que la mesure avait pour l’heure été écartée de l’agenda de Matignon. « C’est prévu en 2020, c’est-à-dire non pas le budget prochain, mais le budget suivant », a précisé le premier ministre. Edouard Philippe a toutefois fait savoir que la mesure pourrait intervenir plus tôt « si on dégage des marges de manœuvre dans le financement de la protection sociale et si les choses vont mieux – ce que je souhaite, ce que je crois, puisqu’on nous dit que la croissance s’accélère ».

« Le même esprit » que la défiscalisation de Sarkozy

Selon le chef du gouvernement, la « désocialisation » des heures supplémentaires est « dans le même esprit » que la défiscalisation de ces mêmes heures, mise en place par Nicolas Sarkozy et supprimée par François Hollande. « Ça permet d’augmenter le pouvoir d’achat, ça permet aussi d’inciter aux heures supplémentaires », a-t-il assuré.

Jeudi, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, avait fait savoir que le gouvernement « ne s’interdisait aucune piste » en matière d’exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, en se fixant comme principe que le travail en France « paye mieux »« Ce sont des éléments qui sont en réflexion », avait-il poursuivi, en rappelant l’« obligation de tenir les finances publiques, et que la trajectoire, que ce soit sur les finances sociales ou sur le budget de l’Etat, doit être tenue ».

Jusque-là, Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics, semblait isolé dans son plaidoyer en faveur de cette proposition phare du programme d’Emmanuel Macron, passée aux oubliettes depuis septembre 2017. Si la mesure figure bien dans les annexes du projet de loi de finances 2018, avec son coût (3,5 milliards d’euros), aucune date n’avait été avancée pour sa mise en place.

« On le fera, mais il faut voir quand, si c’est dès 2019 ou si l’on attend. Cela dépendra de l’état des finances publiques et s’il y a d’autres priorités », assurait, de son côté, Bercy la semaine passée au Monde. De fait, la meilleure conjoncture économique – le PIB a finalement crû de 1,9 % en 2017, alors que le gouvernement avait précisé 1,7 % dans son budget rectificatif –, qui génère des recettes fiscales supérieures, donne un peu d’air à l’exécutif. Mais elle risque aussi d’entraîner une hausse des revendications de la part de catégories de Français qui s’estiment lésés par la politique économique d’Emmanuel Macron.