Vue de l’agglomération du Grand Nancy, dont les deux tiers du parc privé de logements ont été construits dans les années 1950-1970, avant les premières réglementations thermiques. / C.COURTOIS / GRAND NANCY

Pour Valérie Debord, vice-présidente (LR) du Grand Nancy en charge de l’habitat, la réhabilitation des logements énergivores passe par un suivi étroit des résidents. Selon elle, la métropole a un rôle à jouer pour accompagner les trajectoires de vie des habitants et leur permettre de vieillir chez eux dans les meilleures conditions. L’élue participera à la rencontre sur les villes et l’habitat durable, organisée par Le Monde à Nancy, mardi 13 février.

Quelles sont les priorités de la politique de l’habitat du Grand Nancy ?

Nous attachons autant d’importance au développement d’une offre neuve qu’à la préservation du parc existant. Les deux tiers du parc privé de logements du Grand Nancy datent des années 1950-1970, avant les premières réglementations thermiques. Energivore, ce parc est essentiellement occupé par des ménages modestes et souvent âgés. Or, le danger d’une explosion de la vacance est grandissant. A côté de la construction neuve – 1 000 logements par an dont 3 000 HLM –, si le parc ancien se dégrade, il finit par se vider. On assiste déjà à une dévitalisation de certains secteurs de la ville. D’où l’importance que nous accordons à la politique de réhabilitation du parc de logements existants, pour enrayer son déclassement.

Comment arrivez-vous à engager les citoyens dans une rénovation de leur logement ?

Nous avons mis en place dès 2009 un guichet unique, la Maison de l’habitat et du développement durable, qui permet un accompagnement ciblé : chaque propriétaire bénéficie d’un suivi adapté à ses ressources. Tous sont accompagnés de bout en bout dans leur projet, depuis le bilan énergétique jusqu’à la réalisation des travaux, en passant par le plan financier et de subventions. Pour celles et ceux qui ne viennent pas d’eux-mêmes, nous développons aussi des campagnes spécifiques de sensibilisation. Car il y a toute une population qu’il faut prendre par la main.

Quelles populations ciblez-vous dans le cadre de ces campagnes ?

Nous allons à la rencontre des syndics pour accompagner les copropriétés volontaires dans une stratégie de rénovation globale de leur immeuble. Nous développons aussi un dispositif d’accompagnement spécifique sur les secteurs pavillonnaires. Ces lotissements sont souvent habités par des personnes âgées (en moyenne de 67 ans) sans enfants à domicile, et dont la maison, acquise de longue date dans le cadre de l’accession sociale à la propriété, est aujourd’hui trop grande et surtout mal adaptée. Là encore, il y a besoin d’un accompagnement étroit, qui nécessite parfois de mêler réhabilitation thermique et travaux d’adaptation au vieillissement, afin de gagner en confort et en autonomie. Nous pouvons être aussi amenés à proposer à ces propriétaires âgés de rénover leur pavillon pour le valoriser, avant de le vendre et de s’installer dans un logement plus petit, adapté au vieillissement.

La rénovation énergétique va de pair avec l’accompagnement des trajectoires de vie des habitants. Les plus de 60 ans, c’est aujourd’hui un habitant sur cinq de la Métropole du Grand Nancy, et ils représenteront en 2030 26 % de la population. Nous devons préparer l’habitat pour permettre aux personnes de vieillir chez elles dans les meilleures conditions.

La politique nationale est-elle en synergie avec votre politique locale ?

Notre politique volontariste abonde financièrement les aides de l’Etat. Mais celles-ci connaissent des baisses et ne sont pas forcément toujours bien orientées. Il serait notamment nécessaire d’élargir le public éligible aux aides de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH). Les plafonds actuels restent parfois trop stricts pour les ménages les plus modestes.

La politique nationale mériterait d’être plus souple pour s’adapter à chaque situation. Chaque territoire a ses spécificités, dépendantes de l’habitat local et des politiques en place. Les décisions nationales doivent être prises en fonction des retours des acteurs locaux qui sont au plus proches des réalisations et des projets. Les choix de l’administration centrale sont trop descendants alors qu’une logique de concertation devrait prévaloir pour être plus efficace et permettre une meilleure orientation des budgets disponibles.

La ville et l’habitat durable seront au centre d’une rencontre du Monde organisée à Nancy, mardi 13 février, de 8 h 30 à 10 h 30. Inscriptions ici.