Steve Wynn, le 17 mai 2011. / MIKE CLARKE / AFP

De la gloire à la vindicte populaire. Steve Wynn, le magnat américain des casinos de Las Vegas a démissionné de la présidence de son empire, la Wynn Resorts, mardi 6 février. Une décision qui fait suite à des accusations d’agressions sexuelles révélées le 25 janvier par le Wall Street Journal.

Le quotidien économique s’appuie sur des dizaines de témoignages accusant le milliardaire de 76 ans d’avoir créé au fil des ans un environnement de travail hostile aux femmes et de les avoir régulièrement soumises à des avances sexuelles. Au moins trois femmes accusent également le tycoon, proche de Donald Trump, d’agressions sexuelles, notamment une masturbation exigée d’une masseuse.

7,5 millions de dollars contre le silence

Steve Wynn a démenti les allégations « absurdes » publiées par le Wall Street Journal et se dit victime de manœuvres ourdies par son ex-femme, Elaine Farrell Wynn, dans le cadre de leur procédure de divorce. Celle-ci a rejeté ses accusations, et le Wall Street Journal a précisé qu’aucune des cent cinquante personnes contactées pour cette enquête n’était entrée en contact de sa propre initiative avec la rédaction.

D’après le quotidien américain, Steve Wynn a pourtant déjà eu des démêlés avec la justice pour son comportement agressif. Le milliardaire a ainsi versé 7,5 millions de dollars à une ancienne esthéticienne de son casino de Las Vegas, le navire amiral de son groupe, qui l’accusait de l’avoir contrainte à des relations sexuelles dans son bureau en 2005. Cette somme devait permettre à l’homme d’affaires de garder le silence sur cette affaire.

Ces dernières semaines, les soutiens politiques de celui qui fut un fervent supporteur du président américain et soutien financier de taille de sa campagne prenaient tour à tour leurs distances : la Bourse se détournait de la Wynn Resorts... Anticipant cette chute annoncée, Steve Wynn avait déjà quitté à la fin de janvier son poste de responsable des finances du comité national du Parti républicain (RNC).

« Avalanche de publicité négative »

L’enquête sur cette personnalité est la dernière manifestation des accusations d’abus sexuels portées contre des hommes de pouvoir depuis la chute du producteur hollywoodien Harvey Weinstein, en octobre. Premier patron d’une grande entreprise américaine pris dans la tourmente de ces scandales sexistes, Steve Wynn sera remplacé à son poste par Matt Maddox, son bras droit depuis 2013. M. Wynn a déclaré qu’il avait renoncé à poursuivre ses fonctions en raison d’« une avalanche de publicité négative » qui a créé, selon lui, un environnement prompt à le condamner avant de le juger.

Le créateur des plus célèbres hôtels-casinos de Las Vegas, le Bellagio et sa fontaine musicale, ou encore le Mirage et son volcan nocturne, pourrait encore tomber plus bas. Son ex-femme, Elaine Farrell Wynn, souffle ardemment sur les braises car elle demande à récupérer les droits de vote de ses 9 % d’actions de Wynn Resorts, qu’elle a perdus avec le divorce.

Mais la fortune de Steve Wynn reste évaluée à 3,5 milliards de dollars par le magazine Forbes. Malgré son départ de la présidence, Steve Wynn, qui a lancé son groupe en ouvrant des petites salles de bingo dans le nord-est des Etats-Unis, possède toujours 12 % de sa société, cotée à Wall Street.