Françoise Nyssen se donne quatre ans, soit d’ici à la fin du mandat d’Emmanuel Macron, en 2022, pour tendre vers la parité dans le monde de la culture. « Il faut reprendre la barre », déclare-t-elle au Monde, mercredi 7 février, alors qu’avait lieu le matin un comité pour l’égalité femmes-hommes, rue de Valois. Même si le nombre de femmes à la tête de lieux labellisés par le ministère de la culture progresse, et même si l’on voit davantage de metteuses en scène à l’affiche des grands théâtres, les progrès sont lents et ne permettent pas d’entrevoir, même à moyen terme, une situation paritaire – en attestent les statistiques de l’Observatoire du ministère de la culture sur les inégalités femmes-hommes.

La ministre veut agir sur différents fronts. « Tout d’abord, le ministère de la culture se doit d’être exemplaire. Il y a des inégalités salariales au sein du personnel de la rue de Valois, de l’ordre de 10 % entre les femmes et les hommes », explique Mme Nyssen. Une enveloppe de 500 000 euros, prise sur le montant du budget du ministère de la culture, va être utilisée pour rattraper ces inégalités salariales », annonce-t-elle.

Par ailleurs, la rue de Valois a sollicité auprès du ministère du budget de nouveaux crédits –dont le montant ne nous pas été communiqué – afin de remédier aux inégalités salariales au sein des 75 établissements publics de la culture, lesquelles s’élèveraient à 18 % entre les femmes et les hommes.

La parité à la tête des 75 établissements publics culturels

L’autre annonce majeure vise à atteindre la parité à la tête des 75 établissements publics culturels (Philharmonie, Opéra…) à l’horizon 2022. On en est loin : aujourd’hui, seules 33 % de femmes occupent la fonction de directrice de ces vaisseaux dotés de gros budgets. « Sur les trois ans à venir, un certain nombre de mandats vont arriver à terme. Il y a donc la possibilité d’agir par le biais des nominations », ajoute la ministre.

La ministre et son cabinet – très féminin – comptent enfin s’attaquer à la programmation des 351 lieux labellisés par le ministère : scènes nationales, fonds régionaux d’art contemporain, etc. Françoise Nyssen va fixer des objectifs chiffrés, avec obligation de résultat. Les taux de progression seront variables : il sera de 10 % par an dans les lieux où la programmation est peu féminisée (moins de 25 % de femmes à l’affiche). Et il sera limité à 5 % par an dans les lieux plus paritaires. Françoise Nyssen envisage des  « malus »  à l’encontre de scènes qui ne respecteraient pas ces objectifs. L’intervention de l’Etat pourrait être revue à la baisse, ou du moins certains crédits de la rue de Valois pourront être « fléchés » en fonction de critères d’égalité femmes-hommes.