L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Anne Gruwez est juge à Bruxelles. C’est aussi un personnage suffisamment haut en couleur pour que l’équipe de la célèbre collection de documentaires franco-belge « Strip-Tease », diffusée sur France 3, lui consacre son premier long-métrage de cinéma. Adoptant les mêmes principes que ceux qui présidaient à ses productions pour le petit écran (pas de voix off, pas de commentaire, pas d’interview), les réalisateurs nous plongent dans son quotidien, entre son bureau où elle se confronte avec les prévenus, parfois comme sur un ring, parfois comme une psy bienveillante, et son domicile, où elle cultive tranquillement son jardin en compagnie d’un rat domestique.

Le film vaut à la fois pour la personnalité, mélange de sang-froid, d’esprit de provocation, de truculence, de professionnalisme et d’humanité de son héroïne, et pour le tableau de la misère du monde belge qui s’esquisse au fil des comparutions. En trois ans de tournage, les réalisateurs ont eu le temps de filmer des moments forts.

Spectacle comique

Chacune des scènes, de fait, se présente comme un petit théâtre autonome, appelant le spectateur à se faire son opinion sur l’innocence ou la culpabilité des prévenus, lui ménageant des surprises, des moments éventuellement comiques, ou au contraire proprement effarants. Elles durent suffisamment pour laisser la pensée vagabonder, se demander pourquoi la juge a quatre doigts coupés, méditer sur l’écrasante proportion, parmi les prévenus, de personnes issues de l’immigration.

Comme c’est souvent le cas avec « Strip-Tease », le film gêne aussi aux entournures, notamment quand cette misère devient, aux dépens de ceux qui en sont les premières victimes, la matière d’un spectacle comique.

NI JUGE, NI SOUMISE - BANDE-ANNONCE OFFICIELLE
Durée : 01:28

Documentaire français et belge de Jean Libon et Yves Hinant (1 h 39). Sur le Web : www.arpselection.com/category/tous-nos-films/documentaire/ni-juge-ni-soumise-423.html