En 2017, le nombre de transactions dans l’immobilier a battu des records, mais aussi fait repartir les prix, qui ont augmenté de près de 4 %. / THOMAS SAMSON / AFP

L’argent bon marché, prêté à des taux imbattables, a alimenté le moteur immobilier. En France, le nombre de transactions a battu des records en 2017, avec 970 000 ventes dans l’ancien, et même 1,243 million en tenant compte des logements neufs. Soit 35 % de plus qu’en 2014. Mais cette situation a aussi fait repartir l’inflation des prix immobiliers, qui ont augmenté de près de 4 % l’an dernier. Les acquéreurs ont profité des taux bas pour emprunter beaucoup : 178 milliards d’euros en 2017 (hors renégociations de crédits) sur des durées toujours plus longues, de plus de 25 ans pour 28 % d’entre eux.

En ce début d’année, les crédits à l’habitat restent bon marché, selon l’Observatoire crédit logement/CSA. Leurs taux ont même légèrement baissé en janvier, à 1,49 % contre 1,51 % en décembre 2017. Et ce, même si la demande s’érode. Une hausse des taux aurait évidemment des conséquences sur le marché immobilier en dégradant le pouvoir d’achat des acquéreurs. De quoi freiner l’activité et calmer sans doute la hausse des prix, qui pourraient même entamer un cycle de baisse. Quant aux emprunteurs qui, à ce jour, cumulent 950 milliards d’euros de stock de dette liée au seul secteur immobilier, ils ne risquent rien puisqu’ils se sont endettés à taux fixe, contrairement aux voisins espagnols ou anglais qui ont toujours préféré les taux variables et pourraient le regretter.

Un produit d’appel

Les emprunteurs français bénéficient d’ailleurs toujours des taux les plus bas d’Europe, en raison de la vive concurrence que se mènent les banques. Les établissements bancaires font en effet du crédit immobilier un produit d’appel et se rémunèrent sur leurs assurances emprunteurs, quasi obligatoires et procurant de confortables marges.

Mais le filon s’épuise avec la loi Sapin 2 du 21 février 2017, qui permet désormais à tous les souscripteurs de résilier cette assurance chaque année pour en souscrire une autre, si possible moins chère. La hausse des taux pourrait donc mettre les banques elles-mêmes en difficulté et compromettre la rentabilité de la production de crédit immobilier, comme le rappelait le Haut Conseil de stabilité financière, le 15 décembre dernier.