Qu’est-ce qui tient en neuf lettres et fait peur à tout Pyeongchang ?

Kim Jong-un, bien sûr !

Mais pas seulement.

N-O-R-O-V-I-R-U-S !

Si vous partez sur Google, sachez que vous n’êtes pas seuls.

Capture d’écran Google Trends.

Oui, disons-le, c’est la panique chez certains qui considèrent étrangement que commencer les Jeux olympiques avec une gastro est le moyen le plus sûr de les rater.

Or, la majorité des communiqués envoyés par le Pocog (1) concerne l’épidémie de norovirus qui s’est répandue au sein du personnel d’organisation depuis dimanche 4 février. Détectée chez quatre employés de sécurité logeant dans un centre d’hébergement entre Gangneung et Pyeongchang, elle touchait aux dernières informations (jeudi 8 février à 18 heures heure locale) 128 personnes, désormais réparties à Gangneung (lieu des sports de glace, sur la côte), Pyeongchang (sports de glisse, à 40 kilomètres de là) et dans le centre d’hébergement, autant dire partout.

La mise en quarantaine de 1 200 membres du personnel de sécurité – bien lire : mille deux cents – a nécessité la réquisition de 900 militaires sud-coréens, ce qui serait embêtant si le pays était en conflit ouvert avec son voisin, mais là, ça va…

Conséquence : toutes les personnes travaillant sur les sites des Jeux se voient recommander de bouillir l’eau courante avant de la boire. Des affichettes avec plusieurs points d’exclamation ont été placardées en bas de chaque immeuble où elles logent.

!!!! / CG

A la cantine des médias – relativement immangeable, respect des standards olympiques oblige –, on se voit intimer l’ordre de se laver les mains avant d’entrer, comme au réfectoire de l’école maternelle.

Dans l’appartement que la rédaction de « Pyeongchang, comme ça se prononce » partage avec les confrères de 20 Minutes, les allées et venues aux toilettes des uns et des autres sont surveillées avec attention.

Evidemment, tout cela n’a qu’un seul objectif : ne pas contaminer Martin Fourcade avant son entrée en compétition.

Oignons

Fort heureusement, les contacts corporels sont réduits par les températures : les mains restent souvent dans les poches ou dans les gants.

M’étant préparé à passer dix-neuf jours dans une galaxie inconnue où ne survivraient que certains types de plantes et les ours polaires, j’ai trouvé le climat relativement agréable jusqu’à présent. Je peste plutôt contre l’obligation de s’habiller et, surtout, se déshabiller comme un oignon dès qu’il faut entrer dans un lieu couvert.

Toutefois, il faut admettre que Le Monde, dans le souci de respecter l’esprit du baron Pierre de Coubertin, ne s’est pointé en Corée qu’à quelques heures de l’allumage de la flamme olympique. Les confrères s’étant aventurés, de nuit, sur les hauteurs de Pyeongchang, confirment que ça caille. Les biathlètes, qui se gèlent les doigts sur les pas de tir, confirment.

Hormis la température, rien de très étonnant entre l’aéroport de Séoul et nos appartements de Gangneung : tout sent le neuf, tout marche (2) et tout est robotisé, même les poissons et les aspirateurs.

On croise un peu partout des grappes d’hommes et de femmes en parka rouge et grise, ce qui est moins voyant mais plus élégant que les uniformes multicolores des Jeux olympiques de Sotchi. Ils ne sont pas payés et ne dorment pas vraiment dans les mêmes conditions que les membres du CIO, mais gardent le sourire : c’est aussi ça « la magie des Jeux » (3).

Un train à grande vitesse (« KTX », en coréen) a été construit pour relier la capitale à cette station balnéaire, réputée pour son art de la torréfaction qui n’a malheureusement pas atteint les stands installés sur les sites olympiques.

Sur le chemin, on a vu l’équivalent séoulien du Golden Gate et des preuves de neige.

L’eau était gelée. / CG

Quelque part en Corée du Sud, derrière la vitre du KTX. / CG

Skier sur du nougat, et pourquoi pas ?

Car non, il ne neige pas aux Jeux d’hiver – c’est presque devenu une tradition – et la poudreuse parisienne nous semble loin.

Lors des conférences de presse des derniers jours, les skieurs français ont beaucoup parlé de neige, car il y en a sur les pistes tout de même. La neige artificielle combinée au froid glacial ressemble, paraît-il, à « la neige américaine ». Inutile de vous préciser que « la neige américaine » est « très agressive, accroche énormément, (peut se révéler) traître car on peut avoir l’impression qu’on est très bien alors qu’on avance pas beaucoup » (Adrien Théaux, descente).

« On dirait du nougat », décrit Fabien Saguez, le directeur technique national (DTN) du ski françai. Et là on comprend beaucoup mieux.

Mais était-ce vraiment la peine de faire 9 000 kilomètres pour trouver du nougat ?

자, 좋은 올림픽 모두들!

En regardant bien, vous verrez de la neige. / CHARLIE RIEDEL / AP

(1) Le Pocog pourrait être un jeu intergénérationnel mêlant Pokemon et Pogs, mais non, c’est le Pyeongchang Organizing Committee for the 2018 Olympic and Paralympic Games, qui devrait donc s’appeler POCOPG, si vous suivez.

(2) Sauf cet écran à la livraison de bagages, qui fait tâche au pays de Samsung et LG.

(3) A propos, il ne fallait pas rater cette phrase de Laura Flessel, ministre des sports française, dans une interview parue jeudi dans L’Equipe : « On va créer de l’emploi, donc, avec le ministère du travail, nous travaillons dès aujourd’hui pour former les bénévoles. »