Des enfants à Saqba, dans la Ghouta orientale, après une frappe du régime, le 8 février. / ABDULMONAM EASSA / AFP

Un répit au déluge de feu qui s’abat sur la Ghouta orientale et à Idlib, deux des dernières poches rebelles en Syrie, ne viendra pas de l’ONU. Les diplomates du Conseil de sécurité ont été incapables de s’entendre sur l’opportunité d’une trêve humanitaire d’un mois lors d’une réunion à huis clos, jeudi 8 février à New York, organisée à la demande de la Suède et du Koweït.

Cette suspension des hostilités dans toute la Syrie était réclamée par les agences de l’ONU basées à Damas et devait permettre de soulager la population civile qui subit, depuis cinq jours, une intensification des bombardements – dont certains probablement chimiques – du régime syrien et de ses alliés russes, qui ont fait plus de 220 victimes.

Mais Moscou a estimé que cette option n’était « pas réaliste ». Son ambassadeur, Vassili Nebenzia, a cyniquement mis en avant le danger terroriste : « Nous aimerions voir un cessez-le-feu, la fin de la guerre. Mais les terroristes, je ne suis pas si sûr qu’ils soient d’accord. » La situation humanitaire sur le terrain n’aurait, selon lui, par ailleurs, « pas varié depuis le mois dernier ».

A huis clos, le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Mark Lowcock, a pourtant haussé le ton et dressé un constat terrible en évoquant « la pire situation depuis 2015 », selon un diplomate présent. Aucun convoi d’aide humanitaire n’a pu atteindre la Ghouta orientale, dans la banlieue de Damas, depuis deux mois. A Idlib, dans le nord-ouest, 700 personnes attendent une évacuation médicale d’urgence alors que les hôpitaux subissent des bombardements incessants en violation du droit international.

« Avec Idlib, c’est un nouvel Alep qui commence sous nos yeux », s’est ému François Delattre, l’ambassadeur français à l’ONU, en référence à la ville martyre qui avait fini par tomber aux mains du régime en décembre 2016 au bout de cinq mois de siège et de pilonnage intensifs. Quant à la Ghouta orientale, « elle subit un siège moyenâgeux, c’est inacceptable », a-t-il dénoncé.

Les chances d’aboutir à une trêve sont minces, même si la Suède et le Koweït envisagent d’accentuer la pression publique sur Moscou. « La question humanitaire est utilisée comme une arme de guerre, estime une source diplomatique. Quand on la met en avant, les Russes se posent inévitablement en défense du régime syrien. »

« En Syrie, nous sommes maintenant de retour aux heures les plus sombres du conflit, avec le bilan des civils tués le plus élevé de l’année écoulée », a déploré M. Delattre, en rappelant à son partenaire russe que la situation sur le terrain ne pouvait pas être séparée des efforts politiques entrepris par Moscou pour parvenir à un accord de paix. « Sans une réelle stabilisation d’Idlib et de la Ghouta orientale, estime l’ambassadeur, tout processus politique est voué à l’échec. »