Le parti indépendantiste de Jean-Guy Talamoni dénonce les discours « haineux et méprisants » d’Emmanuel Macron. / LUDOVIC MARIN / AFP

Le parti indépendantiste Corsica libera, présidé par Jean-Guy Talamoni, a dénoncé samedi 10 février à Bastia les discours « haineux, provocateurs et méprisants » d’Emmanuel Macron cette semaine en Corse.

Dans un communiqué, Corsica libera a notamment dénoncé « l’amalgame offensant » visant à mettre les assassins du préfet Erignac « au même plan que des terroristes islamistes ». Mardi, à Ajaccio, Emmanuel Macron avait souligné, à l’occasion du 20e anniversaire de la mort du préfet, « la lâcheté » de ses assassins, coupables « d’un de ces actes de terrorisme » dont la France a eu « récemment à subir la barbarie ».

Face à « l’attitude négationniste de la question corse » manifestée, selon Corsica libera, par le chef de l’Etat, « la seule voie permettant de tourner définitivement la page d’un conflit politique vieux de plus de quarante ans est de reconnaître sa dimension éminemment politique ».

« Et ceci passe en premier lieu par la mise en œuvre du rapprochement sans exclusive pour les prisonniers », y compris les trois membres du commando qui a assassiné le préfet Erignac, « puis par leur amnistie », insiste le parti indépendantiste. Si l’amnistie a été écartée par le président de la République, il a laissé la porte ouverte à un rapprochement des détenus corses dans l’Hexagone, sans préciser l’étendue de cette mesure.

Réserver le foncier corse aux habitants de l’île

Concernant le statut de résident, défendu par les nationalistes pour réserver le foncier corse aux habitants de l’île depuis au moins cinq ans, Corsica libera a nié que celui-ci soit « une impasse juridique », comme l’a affirmé M. Macron mercredi. « Ce statut existe en Europe, à Bruxelles, aux îles Aland [Finlande], au Danemark, à Jersey [Royaume-Uni] et à Malte », dit Corsica libera.

Refusant le « discours néocolonial » du chef de l’Etat, « sa mauvaise foi, son mépris et sa condescendance », Corsica libera a appelé « l’ensemble du peuple corse à rester mobilisé » et à soutenir ses élus, notamment pour obtenir l’inscription de la Corse dans l’article 74 de la Constitution. Selon le parti indépendantiste, c’est le seul moyen pour que l’île « obtienne un statut lui permettant de disposer du pouvoir législatif », comme en Polynésie française, mentionnée dans cet article.