Les héroïnes de Skam France. / GTV Productions

Il est trop tôt pour dire si la version française de la série Skam deviendra un phénomène national comme en Norvège, son pays de création. Le premier épisode a été diffusé, vendredi 9 février, sur France tv slash, un nouvel espace en ligne de France Télévisions dévolu aux 18-30 ans.

Skam, qui signifie « honte », se centre sur la vie quotidienne et presque sans adultes d’une bande de lycéens : cours, soirées très alcoolisées, amis et la sexualité à explorer. Une authenticité qui a souvent valu au programme norvégien hyperréaliste d’être comparé à la série anglaise Skins.

« Ce qui est plaisant dans cette série, c’est la diversité. Elle est multiculturelle ! Il est facile de s’identifier aux personnages, explique Keysha, l’une des administratrices d’une fanpage Facebook de la série. C’est intéressant de voir à l’écran des personnes qui reflètent la réalité, qui nous sommes et ce que nous vivons. C’est une série authentique, sans filtre. Il y une spontanéité dans les scènes qu’on ne retrouve pas toujours ailleurs. » La présence d’une héroïne musulmane racontée sans caricature, Sana Bakkoush, avait suscité de nombreux éloges.

Une vie à part entière sur les réseaux sociaux

La particularité de Skam repose également sur le dispositif qu’elle a mis en place pour exister sur les réseaux sociaux. Car la série est conçue avant tout comme un programme à consommer en ligne plutôt que devant un écran de la télévision. Chaque épisode est une compilation de séquences de quelques minutes qui s’étalent sur une semaine. Chacun de ces chapitres est au préalable publié par France Télévisions en temps réel, sur une page Facebook notamment.

Les séquences ont donc été partagées dès lundi 5 février. Lorsque Emma, l’héroïne de la première saison, étudie au CDI mardi à 14 h 4, l’extrait est publié au même moment. Jeudi, vers 11 heures, les internautes ont pu surprendre une conversation entre Emma et son petit ami, Yann. De même, onze des personnages ont un compte Instagram alimenté quotidiennement au cours des vingt-deux semaines que compte la diffusion des deux premières saisons françaises. Si dans l’intrigue l’un d’entre eux partage une vidéo, cette même « story » est publiée sur son compte.

Les personnages interagissent entre eux et avec les internautes, hors de l’épisode, brouillant d’autant plus la frontière entre réalité et fiction. Les fans n’ont donc pas à attendre une diffusion hebdomadaire : ils suivent, comme en Norvège, les clips au quotidien. Les contenus des héros de Skam apparaissent sur leurs fils comme ceux de n’importe quel ami. Et découvrent avec plus d’acuité la psychologie de chacun des personnages, qui partageront au moins cinquante contenus chacun.

Pour coller de façon crédible aux usages d’adolescents français, la production de Skam France a fait évoluer le dispositif prévu par la chaîne NRK en Norvège sur les réseaux sociaux. Ainsi, il a été décidé de faire des stories, des microvidéos éphémères inspirées du réseau social Snapchat, que les utilisateurs d’Instagram partagent en plus des photos. La série originale n’avait pas prévu de stories tout simplement parce qu’elles n’existaient pas encore au moment de son lancement, en 2015.

Le récit annexe et complémentaire sur les réseaux sociaux de Skam France a été conçu en même temps que la réalisation et la production des épisodes. Sur le tournage, huit jours ont été consacrés à l’enregistrement des contenus numériques. C’est une agence spécialisée dans l’existence en ligne de fictions audiovisuelles françaises, Bigger Than Fiction, qui est chargée de faire vivre pendant les vingt-deux semaines les personnages sur les réseaux sociaux. « Les posts seront modérés et les commentaires pris en considération. On gardera la liberté de poster des contenus qui pourraient être plus en lien avec ce qu’il se passe dans la réalité », explique-t-on au sein des équipes de France Télévisions.

Une base de fans en France

Depuis qu’elle est diffusée, la série norvégienne a eu le temps de faire des émules, notamment en France. C’est donc à la fois avec méfiance et excitation que le noyau de plusieurs milliers de fans francophones attendait cette adaptation au pays de Molière. Ses héroïnes au caractère bien trempé sont devenues iconiques, les couples emblématiques.

« Skam a réellement charmé les Français. C’est encore plus intéressant de voir la diversité qu’on retrouve au sein de notre communauté, il y a des jeunes et des moins jeunes, des personnes de tous les milieux. Skam est une série qui rassemble », assure Keysha, qui partage désormais sur sa page Facebook les clips français, en plus des contenus norvégiens.

SKAM - trailer
Durée : 01:04

« Tout ce que j’espère, c’est que ça ne devienne pas une caricature de la série norvégienne, que cela ne soit pas un copier-coller parfait », espère Amélie, elle aussi administratrice de la fanpage française de Skam sur Facebook, et qui pour l’instant « aime beaucoup la version française ».

Les premiers épisodes de Skam France collent quasi plan par plan à la version originale, avant de s’affranchir petit à petit. Le plaisir des fans de la première heure a donc résidé cette semaine à découvrir qui incarnait les Eva, Jonas, Noora ou Sana français. « Notre volonté a été de respecter les épisodes et la trame norvégienne mais d’y infuser un maximum d’esprit, d’humour et de références françaises et de remanier à notre propre rythme la vie de nos héroïnes », explique la production.

Pour l’instant, Skam France compte deux saisons, qui seront diffusées d’affilée jusqu’à cet été. Sa grande sœur norvégienne, elle, en a quatre. Cinq autres pays en plus des Etats-Unis (Espagne, Allemagne, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Italie) ont prévu leur remake de Skam.

Où regarder « Skam France »

Tous les jours, depuis le 5 février, des séquences sont divulguées sur la page Facebook de la série ou sur France tv slash.

Les internautes peuvent aussi suivre les personnages sur leur compte Instagram en cliquant sur cette liste. Certaines fanpages relaient également les contenus. C’est le cas de la page Facebook Skam France, qui est indépendante de la production.

Les épisodes en version vingt-six minutes sont diffusés tous les vendredis soir sur France tv slash, puis diffusés sur France 4 chaque week-end à compter du 25 février.