Chadwick Boseman, l’acteur principal de « Black Panther ». / Matt Kennedy / AP

Les internautes qui comptaient se rendre au cinéma le week-end des 10 et 11 février ont eu une mauvaise surprise. En cherchant le nom de certains cinémas dans Google, de mauvais titres de films sont parfois apparus sous des affiches, comme l’ont relevé des internautes sur les réseaux sociaux.

Le film américain Black Panther, qui met en scène un superhéros noir, a ainsi été renommé La Planète des singes : suprématie. Un autre film a, lui aussi, vu son titre modifié : Cinquante nuances plus claires est ainsi devenu Ça glisse au pays des merveilles.

Le film Black Panther a aussi fait l’objet, en parallèle, d’un autre détournement raciste, ont relevé plusieurs internautes. Sur le site Sens critique, qui permet aux internautes de partager leur avis sur des œuvres, le titre du film était accompagné, en plus petit, d’un deuxième titre en lieu et place du titre original qui s’affiche d’ordinaire : Les Dix Petits Nègres.

Google évoque un problème technique

Comment ces détournements racistes ont-ils pu apparaître sur ces plates-formes ? Plusieurs internautes ont demandé des comptes au site AlloCiné, vers lesquels les liens de Google renvoyaient. « Ce problème est totalement indépendant de notre volonté, a affirmé, samedi 10 janvier, le site sur Twitter. C’est la reprise du contenu d’AlloCiné par Google qui pose problème. Nos équipes travaillent actuellement sur le sujet pour en couper l’accès. »

AlloCiné a également assuré que, sur son site, les titres et affiches étaient corrects. « Google reprend le mauvais titre de façon aléatoire. » Ce qu’a confirmé Google sur Twitter, évoquant « une erreur », corrigée depuis. Celle-ci serait d’ordre technique, explique-t-on chez Google France, évoquant un problème d’association entre titres et affiches, qui se sont retrouvés mélangés.

L’entreprise note d’ailleurs, comme des internautes l’ont aussi remarqué, que le titre La Planète des singes : suprématie s’est également retrouvé sous d’autres affiches, comme celle de The Passenger. D’autres films ont aussi vu leur titre modifié comme Le Voyage de Ricky, devenu Power Rangers.

L’entreprise se défend donc de tout Google bombing. Cette pratique consiste à manipuler les résultats du moteur de recherche afin qu’un site apparaisse en premier sur une requête. Cela peut, par exemple, fonctionner si un nombre considérable de liens, associés à un mot-clé particulier, pointent vers le site en question. L’un des plus fameux avait associé en 2006 les mots-clés miserable failure (« misérable échec ») à une page sur le président américain d’alors, George W. Bush.

« Black Panther » visé par des suprémacistes blancs

Un certain nombre d’internautes ont craint ce week-end une attaque coordonnée contre le film Black Panther. D’autant que Google n’a pas été le seul concerné, puisque le site Senscritique.com affichait également un second titre problématique. Son cofondateur, Guillaume Boutin, a expliqué au Monde qu’il s’agissait d’un « acte malveillant » d’un membre du site, qui a modifié, dans la nuit de samedi à dimanche, un champ de la fiche du film pour le remplacer par Les Dix Petits Nègres. Le problème a été réglé dimanche matin, et le compte de l’auteur de cette modification suspendu, affirme M. Boutin.

La fiche Wikipédia française de Black Panther a, elle aussi, été vandalisée la même nuit : le titre québécois a été, là encore, remplacé par Les Dix Petits Nègres. La modification est restée en place une vingtaine de minutes avant d’être révoquée par un autre utilisateur de l’encyclopédie.

Aux Etats-Unis, le film Black Panther, adaptation du comics éponyme qui fut le premier à mettre en scène un superhéros noir, a déjà été la cible d’un groupe d’internautes liés à la mouvance nationaliste et suprémaciste. Celui-ci avait annoncé, sur Facebook, son intention de faire baisser la note du film sur Rotten Tomatoes, un site américain de référence sur le cinéma, en l’inondant de commentaires négatifs. Rotten Tomatoes avait répondu au Hollywood Reporter qu’il ne tolérerait pas ce type d’agissements. De son côté, Facebook avait désactivé le groupe en question.