Le 369e régiment repartit aux Etats-Unis en février 1919, après une longue tournée, à bord du « Stockholm ». / AFP PHOTO/UNDERWOOD. NATIONAL ARCHIVES AT COLLE PARK - STILLE PICTURES

Il y a un siècle jour pour jour, les Harlem Hellfighters, l’orchestre du 369e régiment d’infanterie américain, donnaient au Théâtre Graslin de Nantes ce qui est ajourd’hui considéré comme l’un des premiers concerts de jazz en Europe. Pour leur rendre hommage, un « concert du siècle » sera joué à Nantes, lundi 12 février, après une cérémonie et le dévoilement d’une plaque commémorative en présence de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées, et de trois petites-filles du lieutenant et meneur du 369e régiment, James Reese Europe.

L’histoire du jazz est en effet intimement liée à celle de la première guerre mondiale : c’est en 1917 qu’il fait irruption en France, après l’entrée en guerre des Etats-Unis en avril 1917 et l’arrivée sur son sol du corps expéditionnaire américain, dès le 26 juin, dans le port de Saint-Nazaire.

James Reese Europe, le « Roi du jazz »

Lorsqu’il débarque à Brest le 1er janvier 1918, le lieutenant James Reese Europe, musicien de renom surnommé le « Roi du jazz », a déjà quatorze ans de carrière derrière lui avec l’orchestre qu’il a mis sur pied, composé de quarante musiciens « parmi les meilleurs de l’époque », explique Matthieu Jouan, commissaire général des commémorations « 100 Ans Jazz ».

Né en Alabama en 1880, star du fox-trot et du ragtime, James Reese Europe crée en 1910 le premier syndicat de musiciens afro-américains, le Clef Club, et son orchestre symphonique de 125 musiciens sera le premier orchestre noir américain à jouer, deux ans plus tard, sur la scène du Carnegie Hall, à New York.

Cet hommage officiel militaire est d’autant plus symbolique que ce régiment fut l’un des quatre seuls régiments de soldats noirs américains victimes de ségrégation ayant combattu sous commandement français et que le lieutenant Reese Europe fut « le premier officier afro-américain à commander des troupes dans un assaut de guerre » en France, souligne M. Jouan.