La secrétaire britannique au développement international, Penny Mordaunt, le 12 février. / Nick Ansell / AP

En annonçant, lundi 12 février, que la part du revenu national britannique à l’aide internationale ne bougerait pas, la première ministre du Royaume-Uni, Theresa May, a dû rassurer une partie des organismes humanitaires de son pays. Depuis les révélations, vendredi 9 février, par le quotidien britannique The Times, d’un scandale sexuel impliquant des employés de l’ONG Oxfam à Haïti en 2011, sa directrice adjointe, Penny Lawrence, a démissionné, et le gouvernement britannique menace de lui supprimer ses financements.

Au lendemain des révélations du Times, Jacob Remord, le député leader de l’aile droite du parti conservateur est venu porter au 10 Downing Street une pétition de 100 000 signatures rassemblées par le quotidien europhobe Daily Express demandant de « stopper la folie de l’aide à l’étranger ». Régulièrement pointée du doigt par une partie de la droite conservatrice, l’aide britannique au développement à l’étranger est l’une des plus importantes de l’Union européenne.

En quoi consiste cette aide au développement ?

Le département pour le développement international « coordonne le travail réalisé par le Royaume-Uni pour mettre fin à l’extrême pauvreté », peut-on lire sur le site du gouvernement britannique. Celui-ci, à travers son organisme UK Aid, contribue à aider au développement de certains pays. Une loi, votée en 2002, a instauré une ligne directrice au programme d’aide britannique : la réduction de la pauvreté.

Cette aide ne consiste pas seulement à verser de l’argent directement à certains pays, elle peut également prendre la forme de financement de projets concrets (conseils en matière agricole, mesures de purification de l’eau ou d’hygiène, ou encore aide à la construction d’écoles).

Quelle dépense cette aide représente-t-elle chaque année ?

Lundi, la première ministre britannique a fait savoir qu’elle ne remettrait pas en cause la promesse de consacrer 0,7 % du revenu national à l’aide internationale au développement. Ce pourcentage a été inscrit dans la loi par la majorité conservatrice. Cela a représenté en 2016 près de 13,5 milliards de livres (plus de 15 milliards d’euros).

L’objectif de consacrer 0,7 % du revenu national à l’aide au développement avait été inscrit dans une résolution de l’ONU en 1970. Selon les Nations unies, en 2015, seuls cinq pays (Pays-Bas, Danemark, Luxembourg, Norvège et Suède), en plus de la Grande-Bretagne, atteignaient ou dépassaient ce chiffre de 0,7 %. En 2016 ils n’étaient plus que deux : le Royaume-Uni et l’Allemagne.

A quels organismes ou pays cette aide bénéficie-t-elle ?

La BBC rapporte qu’en 2015 37 % des aides britanniques au développement ont été à destination d’organisations internationales, dont les Nations unies, et 63 % sont allées directement aux pays concernés.

Cette aide est accordée à de nombreux pays dans le monde entier. Dont un certain nombre de pays du Commonwealth. Des pays africains, comme l’Ethiopie, le Nigeria, la Sierra Leone, ou le Soudan du Sud, mais aussi asiatiques avec l’Inde et le Bangladesh, enfin des pays du proche et moyen orient avec la Syrie, le Pakistan et l’Afghanistan.

Et en France ?

En France l’aide publique au développement est gérée financièrement par l’Agence française de développement (AFD). L’objectif fixé en début d’année 2018 est d’y consacrer 0,55 % du revenu national brut (RNB) en 2022. La France a décidé de recentrer ses priorités sur l’aide bilatérale, et les contributions aux ONG vont être doublées d’ici à 2022.

D’après une enquête pilotée par la direction générale du Trésor, l’aide publique au développement française s’élevait en 2016 à 8,7 milliards d’euros. Cela représentait 0,38 % de la richesse nationale cette année-là. Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait inscrit dans son programme un financement pour le développement à 0,7 % en 2030.

Le budget de l’aide au développement avait baissé de 140 millions d’euros en 2017, et n’avait augmenté que de 100 millions en 2018. Le niveau de 0,55 % n’a plus été atteint depuis 1995.