A 17 ans, Chloe Kim devient la plus jeune snowboardeuse championne olympique. / Gregory Bull / AP

Chloe Kim avait faim. Une envie de crème glacée, que l’adolescente américaine a partagée avec son réseau, sur Twitter, avant d’entamer les qualifications de l’épreuve de half-pipe en snowboard. Guère rassasiée, la Californienne a survolé, mardi 13 février, la finale de la compétition, devenant à 17 ans la plus jeune championne olympique de snowboard.

Prodige du half-pipe depuis l’âge de 13 ans et favorite pour la médaille d’or, la jeune fille n’a jamais semblé prêter le flanc à un semblant de pression au moment d’aborder la demi-lune de ses premiers Jeux olympiques. Qualifiée pour ceux de Sotchi en 2014 après une médaille d’argent aux X-Games, elle avait été recalée par le règlement, interdisant aux moins de 15 ans l’accès aux compétitions. Devant un public acquis à la cause de l’enfant du pays ou presque – ses parents sont sud-coréens d’origine et sa grand-mère était venue de Séoul assister à la finale –, Chloe Kim a ôté tout espoir à ses adversaires dès son premier run, avec un score de 93,75 (sur 100) l’assurant quasiment du titre.

Plus aérienne, plus acrobatique, plus forte simplement que la concurrence, la Californienne s’est permis le luxe de se faire plaisir lors des deux derniers runs. Sous les olas de la foule – venue en nombre ce mardi –, la jeune femme a augmenté son avance, décrochant l’or olympique avec 98,25 points.

Imperméable au stress

Posée sur une planche plus grande qu’elle à l’âge de 4 ans par son père qui espérait convaincre sa mère de venir skier avec lui, Chloe Kim n’a plus jamais quitté la neige. Et y a rapidement acquis un statut de sensation du half-pipe, accumulant titres et performances de haut vol. Détendue et souriante, profitant de l’instant quelques minutes après son sacre, la jeune fille n’a pas manqué de souligner le rôle primordial de son géniteur dans sa carrière.

« Il a sacrifié énormément pour moi. Je ne sais pas si je serais capable de faire pareil : quitter son travail, voyager avec son enfant à plein temps, laisser sa vie derrière soi et poursuivre le rêve de sa fille parce qu’elle est clairement passionnée par ça. »

Dans le fond de la salle, son père ne quittait pas des yeux sa fille ayant réalisé le rêve de sa (courte) vie. Et semblait se faire à l’idée de voir Chloe, déjà star avant l’ouverture des Jeux, augmenter encore sa popularité.

Plus aérienne que la concurrence, Chloe Kim s’est envolée vers le titre olympique. / MARTIN BUREAU / AFP

« Il y a eu beaucoup de hype [battage médiatique] autour de moi pendant ces deux jours, et c’est épuisant pour les nerfs, a souligné Kim après son titre. Tout, dans son comportement infirmait cette affirmation. Plaisantant avec sa compatriote Arielle Gold (presque aptonyme, puisque médaillée de bronze), la jeune femme n’a pas hésité à esquisser des moves de danse quand une petite musique a retenti dans la salle.

La jeune Américaine était aussi comme un poisson dans l’eau face aux journalistes du monde entier l’interrogeant sur son choix de musique lors de son premier run – « Paparazzi », de Lady Gaga. Entre 8 et 10 ans, Chloe Kim a vécu à Genève chez une tante. Elle en a tiré un français courant et « une belle expérience, permettant une meilleure compréhension des différentes cultures. » Un apprentissage utile au moment d’attaquer les Jeux olympiques dans le pays de ses parents. Car, depuis son arrivée en Corée du Sud, la jeune femme monopolise l’attention, rivalisant presque avec les cheerleaders nord-coréennes envoyés par Pyongyang en guise de bonne volonté.

Les réseaux sociaux comme une seconde peau

« Sur les réseaux sociaux, ç’a été fou ces derniers jours, a reconnu Chloe Kim, qui fait partie de cette génération pour qui lesdits réseaux ont toujours existé et qui communique naturellement par leur entremise. En arrivant ici, sur Instagram, j’avais 160 000 followers. Et là je dois être à 300 000 et quelque [342 000], ce qui est dingue. Beaucoup de choses se passent en ce moment, et ça me dépasse un peu, mais c’est très excitant aussi, et j’essaie de profiter de la moindre miette. »

A l’instar d’une star d’Hollywood – après tout, elle est native de Los Angeles – la jeune femme a quitté le snowpark de Bokwang entourée de « toute une procession », selon le coach de l’équipe américaine de snowboard, Rick Bower. Agents de sécurité balisant son passage à travers la foule essayant d’atteindre le phénomène, communicants tourbillonnants autour d’elle, rien ne semblait pourtant l’atteindre.

Chloe Kim avait faim. Et un titre olympique n’aura pas suffi à la rassasier. Après plus d’une demi-heure de conférence de presse où le show de l’étoile du snowboard a éclipsé ses camarades du podium, elle confessait son envie « d’un burger avec des frites, ou d’une pizza hawaïenne ». « Je meurs de faim. » Non contente d’être d’ores et déjà le visage de ces JO d’hiver, Chloe Kim serait bien capable de redorer le blason de la pizza à l’ananas.