Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, la prise en charge par l’assurance-chômage de nouvelles catégories de salariés démissionnaires pourrait, à terme, coûter entre 140 et 680 millions d’euros par an, selon les hypothèses retenues. C’est ce qui ressort d’une étude, dévoilée, mardi 13 février, par plusieurs organes de presse et que Le Monde s’est procuré. Fournis par l’Unédic, l’organisme paritaire qui gère le dispositif, ces chiffrages ont été communiqués au patronat et aux syndicats qui doivent débattre du sujet, jeudi, à l’occasion d’une séance de négociations – la dernière, en principe – sur la réforme du régime.

Le gouvernement veut créer un nouveau droit au profit des personnes qui quittent volontairement leur emploi afin de réaliser un « projet professionnel » (changer d’activité, fonder une entreprise…). Les démissionnaires pourront exercer cette faculté sur une « fréquence quinquennale » – donc une fois tous les cinq ans.

« Fragilité des résultats »

Pour éviter les effets d’aubaine, l’exécutif envisage également de prévoir des règles moins avantageuses que celles appliquées à un salarié qui perd son emploi (plafond d’indemnisation plus bas, etc.). Les organisations d’employeurs et de salariés, elles, ont fondé leurs réflexions sur une autre logique, qui consiste à n’octroyer l’allocation qu’à des publics remplissant certains critères (niveau de diplôme, ancienneté dans l’entreprise…). L’étude de l’Unédic, calée sur cette approche, procède à plusieurs estimations dans divers scénarios. Un exemple : si ce nouveau droit est accordé aux personnes ayant, au plus, le bac, et employées par le même patron depuis au moins cinq ans, le coût pour l’assurance-chômage oscillerait entre 160 et 290 millions d’euros.

Une fois qu’il aurait atteint sa vitesse de croisière, le dispositif pourrait « potentiellement » concerner de 21 000 à 38 000 personnes, ce qui est peu. De surcroît, l’Unédic insiste sur la « fragilité des résultats », compte tenu des multiples incertitudes qui prévalent – les comportements étant difficiles à anticiper. Et elle juge préférable de retenir la « borne basse », du fait du « risque que représente le passage à la démission ».

Mais l’inconnue la plus grande se trouve ailleurs : elle porte sur la capacité du patronat et des syndicats à conclure un accord à l’issue de la négociation. Or cette éventualité est faible car les protagonistes ne sont pas d’accord sur les mesures à prendre pour combattre la précarité – les organisations d’employeurs étant hostiles à l’idée de surtaxer les contrats courts.