Henrik de Danemark joue les fauconniers le 8 juillet 2006, à Horsens, en Hollande. / PALLE HEDEMANN / AFP

Il n’aura jamais coiffé la couronne royale malgré ses noces avec l’héritière du trône danois, Margrethe. Le prince Henrik de Danemark, aristocrate girondin épris de viticulture et de poésie, est mort mardi 13 février au soir, à l’âge de 83 ans.

« Son altesse royale est morte mardi à 23 h 18 au château de Fredensborg », résidence royale située à une quarantaine de kilomètres au nord de la capitale danoise, a précisé le palais royal dans un communiqué qui ajoute que le prince était entouré de sa femme et de leurs deux fils.

Henrik avait été rapatrié fin janvier alors qu’il se trouvait en villégiature en Egypte, et hospitalisé au Rigshospitalet pour une infection pulmonaire avant d’être transféré vers le château de Fredensborg pour « vivre ses derniers instants ». Le 9 février, son fils aîné Frederick, le prince héritier, avait interrompu son voyage en Corée du Sud dans le cadre des Jeux olympiques pour se rendre au chevet de son père dont l’état de santé s’était dégradé.

En septembre, la maison royale danoise avait annoncé qu’il souffrait de « démence », dont la maladie d’Alzheimer est une forme fréquente. Le diagnostic précis n’avait pas été révélé.

Un prince controversé

Depuis le 1er janvier 2016, Henrik était retraité, libéré de ces obligations officielles qu’il honorait diversement selon son humeur : il semblait parfois s’y ennuyer royalement mais boudait comme un enfant s’il n’était pas convié.

« Les controverses ont marqué son histoire au Danemark et sa relation avec la population danoise », selon sa biographe Stephanie Surrugue. En avril 2015, il s’était fait porter pâle lors des célébrations du 75e anniversaire de la reine, mais avait été perçu à Venise quelques jours après, s’attirant railleries et foudres de la presse à grand tirage.

Et l’été dernier, il avait publiquement fait savoir qu’il refusait d’être inhumé avec sa femme dans la nécropole royale de la cathédrale de Roskilde, comme le sont traditionnellement les couples royaux. N’ayant pas obtenu le titre et la fonction qu’il convoitait, il arguait qu’il n’était pas son égal dans la vie et ne souhaitait pas l’être dans la mort. La maison royale n’a pas encore fait savoir où il sera enterré.

De nombreux sacrifices

Né le 11 juin 1934 à Talence, près de Bordeaux, le jeune et fringant Henri de Laborde de Monpezat passe ses premières années en Indochine où son père administre les plantations familiales. La guerre les chasse définitivement du Vietnam, même s’il reviendra passer son bac à Hanoï.

Après des études de sciences politiques, de vietnamien et de chinois, il embrasse la carrière diplomatique. C’est en poste, à Londres, qu’il rencontre Margrethe, alors héritière de la couronne danoise. En l’épousant en juin 1967, il change de prénom, renonce à sa nationalité française pour devenir danois et abjure sa foi catholique pour le protestantisme. Surtout, il se résigne bon gré mal gré à mettre ses pas dans ceux de Margrethe, couronnée en janvier 1972, que ses sujets adorent.

« J’accepte de jouer le jeu. Mais c’est très dur pour un homme de ne pas être considéré sur le même plan que son épouse », admet-il dans ses mémoires, Destin oblige, publiés en 1997. D’autant plus dur que le Français, amateur de rimes, de vins boisés et de bonne chair, incarnation de l’arrogance méridionale en terre luthérienne, met du temps avant de se faire accepter.

« Tout ce que je faisais était critiqué. Mon danois était bancal. Je préférais le vin à la bière, les chaussettes en soie aux chaussettes en tricot, les Citroën aux Volvo, le tennis au football. J’étais différent. »

Henrik, également sculpteur, a publié plusieurs recueils de poésie, dont certains ont été illustrés par Margrethe, peintre et plasticienne respectée.