Les Néerlandaises ont réalisé le triplé sur le 3000 mètres, aux Jeux olympiques de Pyeongchang. / JAVIER SORIANO / AFP

Le patinage de vitesse est un sport de glace où les Néerlandais gagnent à la fin. Les premières épreuves disputées sur l’ovale gelé de Gangneung (Corée du Sud) n’ont pas démenti ce constat ni fait taire l’armée de supporteurs des Oranje parqués dans le virage de la patinoire olympique.

Troisième titre d’affilée du héros national Sven Kramer sur le 5 000 m, triplé sur le 3 000 m femmes, quatre médailles sur six – dont les deux en or – sur 1 500 m hommes et femmes : les Néerlandais ont déjà décroché huit breloques sur douze possibles sur la grande piste des Jeux de Pyeongchang et occupaient la deuxième place du classement des nations, mardi 13 février, derrière l’Allemagne. Un départ canon, sur les mêmes bases que la razzia réalisée à Sotchi, en 2014, où les Pays-Bas avaient remporté 23 des 36 médailles distribuées.

« C’est de la pure folie, ils sont totalement débiles avec le patinage. Dès qu’il fait un peu froid, c’est l’effervescence : tout le monde prépare ses patins et guette les premières gelées des canaux. »

« Même si le niveau des autres nations s’est bien amélioré depuis quatre ans, rien ne nous empêche de rééditer les performances réalisées en Russie, espère Jillert Anema, le facétieux coach batave. A partir du moment où nous alignons trois patineurs sur les épreuves, rien n’est impossible. » Les Néerlandais peuvent même rêver d’améliorer leur tableau de chasse, la mass start et ses six médailles faisant son apparition cette année. La première raison d’une telle domination est culturelle. Aux Pays-Bas, le patin est roi. Dans la région septentrionale de Frise, pourvoyeuse d’une pléiade de champions, pas une famille sans ses paires de lames, à l’affût de la température négative.

Mardi 13 février, Kjeld Nuis et Patrick Roest ont obtenu les médailles d’or et d’argent sur le 1500 mètres en patinage de vitesse . REUTERS/Phil Noble / PHIL NOBLE / REUTERS

« C’est de la pure folie, ils sont totalement débiles avec le patinage, sourit Alexis Contin, seul Français aligné dans cette discipline à Pyeongchang, et qui s’est entraîné aux Pays-Bas pendant plusieurs années. Dès qu’il fait un peu froid, c’est l’effervescence : tout le monde prépare ses patins et guette les premières gelées des canaux. »

Sur le plan sportif, le pays dispose de seize anneaux de 400 mètres de glace – quand les Etats-Unis n’en comptent que quatre – et peut s’appuyer sur soixante coureurs professionnels et une demi-douzaine d’équipes, organisées sur le modèle des formations cyclistes. « La concurrence entre les équipes est si forte que les coureurs n’ont pas d’autre choix que d’être à fond toute la saison, explique Jillert Anema. Pour les structures fédérales, c’est royal, nous n’avons plus qu’à piocher les meilleurs éléments. »

Changement de nationalité

Le système de formation est si performant que de nombreux athlètes, figurant pourtant parmi les meilleurs du monde dans leur catégorie, ne parviennent pas à décrocher l’un des trois précieux sésames pour les Jeux olympiques. Certains Néerlandais préfèrent ainsi changer de couleurs pour participer aux compétitions internationales. Privé de sélection à Sotchi, Ted-Jan Bloemen a profité de la nationalité canadienne de son père pour rallier la sélection nord-américaine. Dimanche 11 janvier, il a décroché la médaille d’argent sur le 5 000 mètres, derrière son ancien partenaire Sven Kramer.

Ted-Jan Bloemen, dont le père était nord-américain, a choisi la nationalité canadienne pour pouvoir participer aux Jeux Olympiques. REUTERS/Phil Noble / PHIL NOBLE / REUTERS

Les progrès réalisés depuis quatre ans par le Japon ou l’esprit revanchard des Etats-Unis, repartis bredouilles des Jeux de 2014, ne semblent pas inquiéter outre mesure l’équipe des Oranje. Sur 1 500 m, la Japonaise Miho Takagi, pourtant invaincue cette saison, s’est contentée d’une deuxième place, lundi 12 février, derrière Ireen Wüst, déjà sacrée à Vancouver (Canada), en 2010. La course était privée de la tenante du titre, Jorien ter Mors, battue par trois de ses compatriotes lors des sélections nationales néerlandaises.

Et si les principaux adversaires des Néerlandais étaient… les Néerlandais ? Mercredi 14 février, Sven Kramer devait tenter de remporter pour la première fois l’or du 10 000 m. En 2010, le roi de la discipline avait surclassé ses concurrents avant d’être disqualifié, coupable d’une erreur fatale lors d’un changement de couloir.