Benyamin Nétanyahou lors d’un discours à Tel-Aviv en Israël, le 14 février. / JACK GUEZ / AFP

Au lendemain de recommandations de la police préconisant qu’il soit inculpé dans deux affaires de corruption, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou s’est montré serein mercredi 14 février. Dans un discours prononcé à Tel-Aviv, M. Nétanyahou a assuré que la coalition sur laquelle repose son gouvernement était « stable », malgré la menace d’inculpation pour corruption pesant sur lui.

« Je peux vous rassurer : la coalition est stable et ni moi ni personne n’avons de projet d’élections [anticipées]. Nous allons continuer à travailler ensemble pour le bien de nos citoyens israéliens jusqu’à la fin du mandat [prévue en 2019]. »

Deux affaires :

Mardi soir, la police israélienne avait formellement transmis ses recommandations au parquet général, dans deux des enquêtes visant le premier ministre. Au terme de ses investigations, elle plaide en faveur de son inculpation pour corruption, fraude et abus de confiance dans deux affaires.

  • Le « dossier 1000 ». Le couple Nétanyahou et son fils Yaïr sont suspectés d’avoir bénéficié des largesses d’un producteur à Hollywood, Arnon Milchan, et du milliardaire australien James Packer, pour un montant de 1 million de shekels (229 000 euros). Le premier leur aurait livré régulièrement du champagne et des cigares, ainsi que des bijoux pour Sara Nétanyahou. En contrepartie, M. Nétanyahou aurait notamment facilité une législation réduisant les impôts pour les Israéliens ayant séjourné longtemps à l’étranger.
  • La seconde affaire, le « dossier 2000 », met en cause les liens de Benyamin Nétanyahou et du propriétaire du quotidien Yediot Aharonot, Arnon Mozes, lui aussi visé par la police. Celle-ci dispose d’enregistrements de conversations des deux hommes, qui envisagent un pacte compromettant, aux dépens de Sheldon Adelson. Ce dernier est un milliardaire américain, magnat des casinos, qui a créé en 2007 Israel Hayom, un quotidien gratuit à grand tirage. Dans ses conversations avec Arnon Mozes, M. Nétanyahou propose de soutenir un projet de loi pour réduire la distribution d’Israel Hayom, grand rival du Yediot. En échange, Arnon Mozes organiserait une couverture médiatique plus favorable au gouvernement Nétanyahou de la part de son journal. M. Nétanyahou prétend qu’il ne s’agissait que d’une conversation à bâtons rompus, sans engagement.

Bientôt douze années au pouvoir

La décision de l’inculpation incombe au procureur général Avichaï Mandelblit, qui a été nommé à ce poste par Benyamin Nétanyahou et qui avait été auparavant son secrétaire du cabinet des ministres. Rien ne l’oblige à prendre une décision rapide.

Les conclusions de la police mettent en question le maintien au gouvernement de M. Netanyahu, au pouvoir depuis bientôt douze ans au total, et notamment l’attitude de ses partenaires de coalition. Ces derniers n’ont signalé jusqu’alors aucune intention de se désolidariser.