Jawad Bendaoud, le 26 janvier 2018. / BENOIT PEYRUCQ / AFP

Jawad Bendaoud a été relaxé, mercredi 14 février, des faits de « recel de malfaiteurs terroristes ». Cet homme de 31 ans, un délinquant multirécidiviste, était jugé pour avoir mis à disposition d’Abdelhamid Abaaoud, l’un des cerveaux présumés des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis, et de son complice, Chakib Akrouh, un squat où ils s’étaient repliés à Saint-Denis. Le ministère public avait requis quatre ans de prison contre lui.

« Il n’est pas prouvé que Jawad Bendaoud a fourni un hébergement à des terroristes », a déclaré Isabelle Prévost-Desprez, la présidente de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Jawad Bendaoud, qui était jugé depuis le 24 janvier pour « recel de malfaiteurs terroristes », a levé les bras, tapé sur l’épaule de gendarmes et embrassé son avocat à l’annonce du jugement.

Mohamed Soumah, également jugé pour « recel de malfaiteurs terroristes », a joué le rôle d’intermédiaire, en mettant en contact Hasna Aït Boulahcen, qui cherchait une planque pour les deux djihadistes, et Jawad Bendaoud. Il a été condamné à cinq ans d’emprisonnement, avec maintien en détention.

Le troisième prévenu, Youssef Aït Boulahcen, est le cousin d’Abdelhamid Abaaoud et le frère d’Hasna Aït Boulahcen, qui est morte aux côtés des djihadistes dans l’assaut du RAID. Il a été déclaré coupable de non-dénonciation de crime terroriste et condamné à quatre ans d’emprisonnement, dont un an avec sursis, sans mandat de dépôt à l’audience. « Votre mauvaise foi et vos mensonges ont été constants à l’audience », lui a déclaré la présidente, évoquant également sa « radicalisation certaine ».

Premier procès en lien avec le 13-Novembre

Le jugement était très attendu dans ce premier procès en lien avec les plus sanglants attentats jamais commis en France, qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis le 13 novembre 2015. Cela tient aussi à la personnalité du prévenu, dont les déclarations au tribunal ont fait rire mais ont aussi consterné, notamment les victimes des attentats. Un procès retentissant, donc, avec quelque 700 parties civiles, plus de 100 avocats (mais seulement six pour la défense)

Abdelhamid Abaaoud, l’un des cerveaux présumés des attentats, et son complice, Chakib Akrouh, étaient arrivés le 17 novembre au soir dans l’appartement de Saint-Denis où ils sont morts le lendemain dans l’assaut des policiers du RAID. Jawad Bendaoud a été interpellé peu après, alors qu’il venait d’expliquer à des journalistes de l’AFP et de BFMTV que l’assaut avait eu lieu chez lui. Il était devenu la risée d’un pays traumatisé par les attaques les plus meurtrières qu’ait connues la France.

Depuis le 18 novembre 2015, il nie avoir su que les deux hommes faisaient partie des commandos djihadistes. « Je ne savais pas que c’étaient des terroristes », a-t-il martelé lors de son procès qui a démarré le 24 janvier. « Même pour 150 000 euros, je n’aurais pas hébergé des terroristes. »