NATSUKI TAKAYA

Dans l’histoire du manga, Fruits Basket occupe une place importante. Dès sa sortie en France à l’été 2002, la série est devenue un véritable phénomène. C’est elle aussi qui, avec une autre série plus mature, Nana, a lancé dans l’Hexagone l’engouement pour le shojo manga, un registre romantique à destination des jeunes filles. Souvent décrié à tort, y compris par les lecteurs de manga, ce genre se centre sur les histoires sentimentales d’adolescentes et de jeunes adultes. Avec plus ou moins de réalisme, et plus ou moins de mièvrerie.

Dans sa trame, Fruits Basket a tout d’un shojo classique. L’héroïne, Tohru Honda, une orpheline de 16 ans, rencontre deux cousins dans son lycée et très opposés dans leur caractère : Kyo et Yuki Soma. L’intrigue se noue au cœur de ce triangle. Les 23 volumes que compte la série initiale tricotent la relation que Tohru entretient avec chacun des deux garçons, avec en question centrale : qui va-t-elle choisir ? Cette jeune fille terriblement seule, qui passe son temps à s’excuser d’exister, va surtout se voir adoptée par un véritable clan : la famille Soma, forte de son lot de cousines mystérieuses et de grands frères atypiques.

NATSUKI TAKAYA

Mais ce qui a véritablement fait de cette série un succès rarement égalé par d’autres shojos – elle s’est vendue à plus de 2 millions d’exemplaires en France – c’est la malédiction qu’a jetée la mangaka Natsuki Takaya sur le clan Soma. Yuki, Kyo et onze de leurs cousines et cousins se transforment en effet en animaux du zodiaque chinois à chaque fois qu’ils sont touchés par le sexe opposé. Une astuce qui permet à la fois de complexifier les relations sentimentales, de créer des situations comiques et dramatiques plus intenses et de ficeler les caractères des personnages en empruntant un peu au bœuf, au rat, au serpent, etc.

Fruit Basket : épisode : 2 Première transformation
Durée : 20:35

A l’image de ce qu’avait échafaudé la célèbre Rumiko Takahashi dans Ranma 1/2, cette galerie étoffée donne goût au lecteur de poursuivre le récit, au-delà de la romance, pour aller à la rencontre de tous ces personnages et de percer le secret de la malédiction des Soma. Par son énergie, la série a su largement séduire, enthousiasmant des lecteurs plutôt allergiques au manga à l’eau de rose.

Presque dix ans après la fin de Fruits Basket (1998-2006 au Japon), Natsuki Takaya, qui a également connu le succès avec une autre série, Liselotte et la forêt des sorcières, a décidé de mettre un point final à la saga des Soma, en dessinant trois tomes de conclusion : Fruits Basket Another évoque ce que sont devenus les héros au travers de leur descendance aujourd’hui adolescente. A sa publication en 2015 au Japon, les fans étaient un peu déroutés, pour ne pas dire déçus. Ce « spin-off » ressemblait étrangement à la série de base, avec des personnages clonés.

NATSUKI TAKAYA

Mais dès l’annonce de la parution, l’auteure précisait que, s’ils pouvaient être mentionnés dans cette deuxième histoire, les personnages principaux ne feraient pas d’apparitions. « L’auteure a dessiné Fruits Basket Another pour satisfaire le désir des lecteurs, qui voulaient savoir ce qu’étaient devenus les héros. C’est un peu comme le film qui a été fait après la série télé américaine Veronica Mars », défend Delcourt-Tonkam, l’éditeur français de Fruits Basket.

Lors de sa parution au Japon, Fruits Basket Another a été accompagné par une réédition de grande qualité de la saga initiale. Les premiers tomes de chacune des deux séries sont publiés par Delcourt-Tonkam à partir de ce mercredi 14 février. De quoi (re) tomber amoureux de cette histoire particulière.

NATSUKI TAKAYA

Fruits Basket, « perfect édition », tomes 1 et 2 (400 pages, 12,50 euros), et Fruits Basket Another tome 1 (192 pages, 7,99 euros), de Natsuki Takaya, traduction de Julia Brun, éditions Delcourt-Tonkam, sortie le 14 février.