Le premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, en octobre 2013, à Addis-Abeba. / TIKSA NEGERI / REUTERS

Le premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, a présenté sa démission, a annoncé jeudi 15 février la radio d’Etat Fana sur son compte Twitter, alors que des fractures sont apparues dernièrement au sein de la coalition au pouvoir, sur fond de manifestations antigouvernementales.

Le premier ministre a déploré dans une allocution télévisée « les troubles et la crise politique [qui] ont causé des morts et provoqué des déplacements de population ». « Je considère ma démission comme inévitable pour permettre de mener les réformes qui établiront une paix durable et la démocratie », a-t-il ajouté.

En poste depuis 2012, Hailemariam Desalegn avait été adoubé dès 2010 comme le successeur de Meles Zenawi, l’ancien rebelle marxiste qui a régné jusqu’à sa mort sur l’Ethiopie après avoir renversé le dictateur Mengistu Hailé Mariam en 1991.

En 2015 et 2016, l’Ethiopie a été le théâtre des plus importantes manifestations anti-gouvernementales depuis vingt-cinq ans, et dont la répression avait fait au moins 940 morts, selon la Commission éthiopienne des droits de l’homme, liée au gouvernement. Le calme n’était revenu qu’avec l’instauration d’un état d’urgence entre octobre 2016 et août 2017, même si d’occasionnelles manifestations ont encore lieu.

Des centaines de prisonniers libérés

Ces manifestations étaient avant tout l’expression d’une frustration des Oromo (sud et ouest) et des Amhara (nord), les deux principales ethnies du pays, face à ce qu’ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein de l’EPRDF, qui règne sans partage depuis 1991, et plus largement une limitation des libertés individuelles.

Ces dernières semaines, les autorités éthiopiennes ont libéré des centaines de prisonniers –dont des opposants et des journalistes – et abandonné des poursuites, à la suite de la promesse du premier ministre, le 3 janvier, de libérer un certain nombre d’hommes politiques pour « améliorer le consensus national ».

Ces remises en liberté, ainsi que des discussions en cours avec certains partis d’opposition et la récente promesse de réformes, s’inscrivent dans un contexte difficile pour la coalition au pouvoir, au sein de laquelle des fractures sont apparues dernièrement.