« Pouvez-vous lever la main si vous pensez que vous pourriez utiliser des produits vendus par les marques Huawei ou ZTE ? » La question, posée par le sénateur républicain Tom Cotton lors d’une commission du Sénat qui s’est tenue mardi 13 février, fait chou blanc. Face à lui, les dirigeants de six services de renseignements (parmi lesquels la CIA, la NSA, et le FBI), statiques. Aucun ne lèvera la main.

Selon eux, les smartphones des deux marques chinoises représenteraient une menace pour la sécurité des consommateurs américains. En cause : leurs liens présumés avec « un gouvernement étranger », explique Chris Wray, l’homme à la tête du FBI.

« Cela donne [au gouvernement chinois] la capacité d’exercer une pression ou un contrôle sur notre infrastructure de télécommunications (…) de modifier de manière malveillante ou de dérober des informations. Et cela leur donne la capacité de faire de l’espionnage sans qu’on puisse le détecter. »

Un projet de loi pour freiner encore davantage Huawei et ZTE

Pour Huawei, c’est un coup dur de plus. Après plusieurs années, le fabricant de smartphones n’a en effet toujours pas réussi à véritablement s’imposer aux Etats-Unis, depuis qu’un rapport accusateur du congrès a été publié en 2012 à son sujet.

Dans ce dernier, le congrès recommandait de « regarder avec suspicion » les entreprises chinoises spécialisées dans les télécommunications, dont ZTE et Huawei. Les instances gouvernementales étaient appelées à n’utiliser aucun produit vendu par ces entreprises. Les entreprises privées, elles, étaient « fortement encouragées » à « considérer les risques » présumés.

Au début de janvier, la marque Huawei, qui n’est pour l’instant distribuée chez aucun opérateur local bien qu’elle soit commercialisée dans le pays, avait connu un nouvel échec. Alors qu’elle devait officialiser un accord avec l’opérateur AT&T, le groupe texan a finalement fait marche arrière, à la dernière minute. Une décision saluée par Chris Wray mercredi.

Le 7 février, le sénateur Tom Cotton a par ailleurs proposé un projet de loi qui vise à interdire complètement aux autorités américaines de passer des contrats avec Huawei et ZTE, ou toute filiale leur appartenant.

Huawei ne s’estime pas plus risqué « que les autres fabricants »

Dans un communiqué envoyé à CNN, Huawei a commenté les déclarations faites à la commission du Sénat. L’entreprise a notamment souligné qu’elle opérait dans « 170 pays, avec la confiance des gouvernements et des clients ». « Nous ne posons pas davantage de risque de cybersécurité que les autres fabricants », a assuré Huawei, avant d’ajouter : « Jamais aucun gouvernement ou agence n’a demandé de donner l’accès à nos technologies, ou de fournir de quelconques données ou informations sur un citoyen ou une organisation. »

ZTE de son côté, a également réagi, assurant être « engagée à adhérer à toutes les lois et régulations applicables aux Etats-Unis ».