La réforme du bac n’est pas son seul chantier. Enseignement des mathématiques et des langues anciennes, nouveaux programmes, filières d’apprentissage et, bientôt, maternelle : Jean-Michel Blanquer donne le sentiment de tenir le système éducatif par tous les bouts, y compris sur des ­sujets qui ont vu ses prédécesseurs vaciller.

Sans craindre l’exposition médiatique : le 15 février, le ministre a accepté d’offrir aux Français deux ­heures de débat sur les chantiers en cours, en ­participant à « L’Emission politique » sur France 2 – émission politique en prime time réservée aux ténors.

Après les joutes idéologiques qu’a connues la gauche, lui semble avoir le champ libre. Mises à part les réactions syndicales dans le monde enseignant, on ne peut que constater le silence à gauche comme à droite qui a suivi l’annonce, mercredi 14 février, d’une réforme du baccalauréat dite impossible. Même silence des intellectuels agitateurs qu’on a tant entendus sur les questions d’école durant la précédente mandature.

Sur le baccalauréat, « hormis des réactions sur le maintien de telle ou telle discipline, il n’y a pas d’hostilité frontale des profs comme on a pu le voir lors de la réforme du collège », estime un ancien syndicaliste. Il faut reconnaître que la séquence a été habilement amenée.

Jean-Michel Blanquer a commencé par rassurer l’opinion sur son attachement à une école « du bon sens » et « des fondamentaux » (interdiction du portable à l’école, dictées, méthode syllabique), en se positionnant au-delà des clivages, même si une frange des enseignants continue de l’associer aux années Sarkozy – durant lesquelles en tant que directeur général de l’enseignement scolaire, il a eu à appliquer une politique de réduction des postes.

Communauté éducative clivée

L’espace politique ainsi libéré lui donne le champ libre pour la mise en place d’une réforme du bac. A cela s’ajoute un souffle de nouveauté porté par le président, qui avait fait du bac une promesse de campagne. En outre, la gauche est plus occupée à se reconstruire qu’à s’opposer. Sous la précédente mandature, elle a donné la « priorité au primaire » – slogan de campagne de François Hollande en 2012 –, sans se saisir du lycée ni du bac. Aujourd’hui, on ne lui connaît pas de projet alternatif.

Les premières réactions des syndicats d’enseignants montrent néanmoins une communauté éducative clivée. « Le baccalauréat se complexifie et devient un diplôme d’établissement », regrette le Snes-FSU (majoritaire). « Il n’y aura pas d’amélioration de la mixité sociale au lycée », déplore le Sgen-CFDT, qui avec d’autres syndicats redoute une rupture d’égalité. Du côté des parents d’élèves, la FCPE a fait part de ses réserves, soulignant que la réforme ne concerne qu’une partie des lycéens, ceux de la voie générale et technologique.

Ce qui attend désormais Jean-Michel Blanquer, c’est la préparation de la rentrée 2018, la première qu’il prépare budgétairement en tant que ministre. Les enseignants l’attendent là-dessus, aussi et surtout.