En 2014, le « one cent » noir et magenta, de Guyane britannique (aujourd’hui le Guyana), timbre émis en 1856, connu à un seul exemplaire, était vendu aux enchères à New York pour 9,5 millions de dollars (plus de 7 millions d’euros), prix le plus élevé jamais atteint par une vignette postale… Loin de cette somme, les trois « ventes sur offres » – des ventes aux enchères par correspondance – organisées par Jamet-Baudot-Pothion, Cérès philatélie et la maison Behr, trois des poids lourds parisiens des ventes de timbres, clôturées respectivement les 21 février, 28 février et 8 mars, témoignent cependant du dynamisme du marché du timbre-poste.

Jean-François Baudot disperse 1 556 lots, parmi lesquels une très belle sélection de classiques de France dont une collection d’une cinquantaine de lettres affranchies avec le 20 centimes noir au type « Cérès », oblitérées du 1er au 31 janvier 1849, c’est-à-dire durant le premier mois de l’utilisation du premier timbre-poste de France.

Les prix de départ s’échelonnent de 80 euros (lettre au départ de Paris, du 25 janvier 1849) à 7 000 euros (pour un 1er janvier, au départ de Nontron, en Dordogne), selon l’origine de la lettre et la nature de son oblitération.

Circulaire (entière, double page) de retrait du 1 franc vermillon, 35 000 euros (Vente Jamet-Baudot-Pothion, clôturée le 21 février).

Une circulaire de retrait du 1 franc vermillon, la valeur vedette de la philatélie française, portant une moitié de 1 franc vermillon et une moitié de 1 franc carmin, datant du 1er décembre 1849 démarre à 35 000 euros.

Un 1 franc vermillon sur lettre, de février 1849, avec un cachet de l’Assemblée nationale, seule pièce connue avec cette valeur, ne partira pas à moins de 5 000 euros.

Danton pour 1 000 euros

Pour les historiens, une « boule de Moulins », un courrier lâché dans une boîte étanche dans la Seine en amont de Paris, pour franchir les lignes prussiennes qui assiégeaient la capitale durant la guerre de 1870, est proposée à partir de 1 000 euros.

Pour les spécialistes amateurs de marques postales avant l’invention du timbre, des cachets d’essai de février 1828, de forme rectangulaire, sont proposés entre 90 euros (Aix-en-Provence) et 500 euros (Givet).

Dans les « divers », quelques lettres clôturent la vente, avec des signatures prestigieuses : Danton (prix de départ 1 000 euros), Buonaparte (500 euros), Talleyrand (170 euros) ou Massena (250 euros).

Bloc de quatre 20 centimes noir « Cérès » sur lettre au départ de Boulogne-sur-Mer, de mars 1850, pour l’Angleterre, 5750 euros (Vente Cérès philatélie clôturée le 28 février).

Cérès philatélie clôture le 28 février sa vente sur offres qui compte plus de 4 000 lots. A retenir un bloc de quatre 20 centimes noir « Cérès » sur lettre au départ de Boulogne-sur-Mer, de mars 1850, pour l’Angleterre, au prix de départ de 5 750 euros. Un 1 franc vermillon « vervelle » (vermillon pâle), bord de feuille, neuf, est affiché à 8 000 euros. Un 5 francs « Empire » – le seul timbre de France légendé « timbre-poste » ! –, dans une version non dentelée, neuf, est mis à prix à 3 500 euros.

La Chine a célébré le centenaire de la Commune de Paris (pas la France!): 75 euros minimum pour ces quatre timbres (vente Cérès philatélie).

Quelques curiosités pour les amateurs : une marque postale « D’Hollande » (sur-Lac), de 1795, est à 40 euros minimum ; un document de l’Ordre de la Légion d’honneur, de 1807, signé Lacépède, démarre à 75 euros ; une lettre du général Boulanger, de 1889, de Londres, est affichée à 70 euros ; compter au moins 850 euros pour une épreuve collective de la « Marianne » – outremer et rouge – de Cocteau, signée du graveur Albert Decaris ; 300 euros pour une épreuve d’artiste d’une « Marianne » non émise d’Eugène Lacaque, signée, et 50 euros pour une épreuve d’artiste en noir du timbre français à l’effigie de Massoud, signée par le dessinateur (Taraskoff) et le graveur (Jumelet) ; les quatre valeurs d’une série émise par la République populaire de Chine pour le centenaire de la Commune de Paris sont affichées à 75 euros.

Prix de départ 50 euros pour cette épreuve d’artiste en noir du timbre français à l’effigie de Massoud, signée par le dessinateur, Marc Taraskoff et le graveur, Claude Jumelet(vente Cérès philatélie du 28 février).

Behr est une référence pour la vente des timbres du XIXe siècle, de France ou du monde entier

Son catalogue disperse 2 755 lots.

10 centimes bistre « Présidence » de 1852, neuf, prix de départ 35 000 euros (vente Behr, clôturée le 8 mars).

Pour la France, parmi les grosses cotes, il faudra compter au moins 28 000 euros pour un bloc de quatre, neuf, du 40 centimes orange de la première émission au type « Cérès ».

Nouvelle-Calédonie, Réunion, Fezzan

Une sélection de quatorze 1 franc vermillon, détachés – neufs ou oblitérés – ou sur lettres, propose un large éventail de prix de départ, de 7 000 euros (1 franc vermillon très vif, oblitération grille) à 30 000 euros (1 franc vermillon vif sur lettre chargée, grand cachet à date de Pontarlier du 27 novembre 1850 à destination de Besançon, arrivée le 28).

On continue sur la lancée des prix à cinq chiffres avec un 10 centimes bistre « Présidence » de 1 852, neuf, à 35 000 euros.

Prix de départ 70 000 euros pour ce ballon monté « Vauban » parti le 25 octobre 1870 de Paris à destination d’Osaka (Japon), avec passage à Marseille et arrivé par le bureau de Yokohama le 25 décembre 1870 (vente Behr, clôturée le 8 mars).

Une lettre transportée par le « Vauban », un ballon monté – qui permettait aux Parisiens de s’échapper de Paris assiégé avec du courrier – de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, timbré avec un 80 centimes frappé du cachet à date de Paris du 25 octobre 1870 à destination d’Osaka (Japon), avec passage à Marseille le 2 novembre et arrivé par le bureau de Yokohama le 25 décembre 1870, pointe à 70 000 euros, dans une rubrique de près de 200 références.

Pour les territoires français, une feuille complète du premier timbre de Nouvelle-Calédonie, le 10 centimes gris-noir « Triquéra », à l’effigie de Napoléon III, est à 5 000 euros.

De La Réunion, une lettre revêtue d’un 15 c. noir s/azuré (type I) plus un 30 c. noir s/azuré (type IV), cachet à date de Saint-André du 28 août 1850, à destination de Nantes par le bateau Zaide. A l’arrivée taxe à 35 décimes, cachet rouge d’arrivée au recto du 25 novembre 1850. Le tout pour 50 000 euros.

Du Fezzan (ancienne province turque en Libye, qui accueillit des garnisons françaises dès 1943), la série de neuf valeurs en blocs de quatre, bord de feuille, parue en 1943 (timbres de Libye de 1921-1931 surchargés « Fezzan Occupation française ») est proposée à partir de 100 000 euros.

Compter au minimum 300 000 euros pour ces deux timbres de l’île Maurice, au catalogue de la vente Behr, clôturée le 8 mars.

A l’étranger, un lot composé du « one penny » vermillon et du « two pence » bleu, « Post Paid » de l’île Maurice (1848), neufs, démarre les enchères à 300 000 euros.

100 000 euros pour ce 13 cents d’Hawaï, dit de la série des « missionnaires », paru en 1851 (vente Behr, clôturée le 8 mars).

Un timbre à 13 cents d’Hawaï, dit de la série des « missionnaires » (utilisés par les missionnaires américains installés dans l’île sur leurs correspondances, d’où le nom de cette émission), paru en 1851, est à 100 000 euros…

Jean-François Baudot, 24, rue de Gramont, 75002 Paris (tél. : 01-42-96-51-12).

Cérès philatélie, 23, rue du Louvre, 75001 Paris (tél. : 01-42-33-31-91).

Behr, 30, avenue de l’Opéra, 75002 Paris (tél. : 01-43-12-37-67).