• Ludwig Van Beethoven
    Triple concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre op. 56. Trio pour clarinette, violoncelle et piano en si bémol majeur op. 11

    Nicholas Angelich (piano), Gil Shaham (violon), Anne Gastinel (violoncelle), Andreas Ottensamer (clarinette). Orchestre symphonique de la Radio de Francfort, Paavo Järvi (direction)

Pochette de l’album « Triple Concerto. Trio op.11 », œuvres de Beethoven.Nicholas Angelich, Gil Shaham, Anne Gastinel, Andreas Ottensamer,Orchestre symphonique de la Radio de Francfort, Paavo Järvi (direction). / NAÏVE

Partition faisant fête à la musique s’il en fut, le Triple concerto de Beethoven établit au sein de l’orchestre un lumineux et éloquent trilogue chambriste entre cordes frappées – le piano de Nicholas Angelich, somptueux d’allure et de poésie – et cordes frottées – le violoncelle frondeur, chantant et délicat d’Anne Gastinel et le violon souverain de Gil Shaham, déjà présent dans une déjà magnifique version de 2004 avec Yefim Bronfman et Truls Mork chez Arte Nova. La rencontre au sommet de ces trois tempéraments sous la direction musclée et dramatique de Paavo Järvi ne laisse aucun répit. Belle idée de couplage : en bonus, le Trio op. 11 permet d’admirer dans l’« Adagio » la clarinette liane, idéalement ronde et souple du jeune Andreas Ottensamer, complètement adoptée par Angelich et Gastinel. Marie-Aude Roux

1 CD Naïve.

  • Ondrej Adamek
    Sinuous Voices

    Diverses œuvres par Roméo Monteiro (Air Machine) et l’Ensemble orchestral contemporain sous la direction de Daniel Kawka et d’Ondrej Adamek

Pochette de l’album « Sinuous Voices », d’Ondrej Adamek / AEON/OUTHERE MUSIC

Soufflé ! Il n’y a pas d’autre mot pour résumer la musique d’Ondrej Adamek, né à Prague en 1979, depuis son inspiration (souffle d’origine vocale ou tout simplement mécanique) jusqu’à sa réalisation (souffle atomique à partir de cellules dévastatrices) en passant par l’effet produit sur l’auditeur (soufflé, littéralement aspiré par l’inouï à long terme). Sinuous Voices fait écho à des prières récitées dans une église et à une lointaine berceuse quand Conséquences particulièrement blanches ou noires concerto investit avec mille trouvailles le champ expressif d’une Air Machine, conçue pour aller au bout de la passion du compositeur pour l’aspirateur. Deux rituels, ardents jusqu’à la sauvagerie. Plus souriante mais plus anecdotique, Ça tourne, ça bloque s’amuse avec des jingles électroniques importés du Japon. Aux commandes de l’Ensemble orchestral contemporain, Daniel Kawka semble aussi beaucoup jouer, comme avec une console venue d’un autre monde. Pierre Gervasoni

1 CD Aeon/Outhere Music.

  • Henri Texier
    Sand Woman

Pochette de l’album « Sand Woman », d’Henri Texier. / LABEL BLEU/L’AUTRE DISTRIBUTION

En 1976, Henri Texier enregistre seul, jouant de la contrebasse et de la basse, du oud, des percussions, de la flûte, et chantant plusieurs de ses compositions dont Amir, qui ouvre alors l’album du même nom. Sans avoir le succès des tubes de la chanson ou de la pop, elle est diffusée à la radio et devient un classique de Texier. Qui la remet en jeu pour débuter son nouvel album Sand Woman, cette fois avec les jeunes musiciens de son nouveau quintette, les saxophonistes Sébastien Texier et Vincent Lê Quang, le guitariste Manu Codjia et le batteur Gautier Garrigue. Texier constituant avec ce dernier une rythmique dansante et radieuse. D’autres anciens thèmes (Les Là-Bas, Indians), deux nouvelles compositions (dont Hungry Man, en forme de blues) sont abordés par de lisibles mélodies, marque de toujours chez Texier. Le sens de l’espace, la profondeur lyrique des thèmes, l’assurance musicienne emportent vers un grand bonheur de jazz. Sylvain Siclier

1 CD Label bleu/L’Autre Distribution.

  • Dirtmusic
    Bu Bir Ruya

Pochette de l’album « Bu Bir Ruya », de Dirtmusic. / GLITTERBEAT/DIFFER-ANT

Réunissant Chris Eckman (ancien cofondateur des Walkabouts, groupe rock de Seattle), Hugo Race (membre, à leurs débuts, des Bad Seeds de Nick Cave) et Murat Ertel (du groupe stambouliote psychédélique Baba Zula), Dirtmusic propose un album d’atmosphère. Sombre, oppressante, sinon menaçante, rarement percée d’un rai de lumière – grâce aux arabesques du luth saz de Murat Ertel et de la chanteuse turque Gaye Su Akyol (Love Is a Foreign Country). Avec des cordes saturées (guitares et saz électriques) et un martèlement quasi martial des percussions. Vénéneuse, cette transe sonore n’en est pas moins envoûtante. Les voix, graves et glaciales, parlent plus souvent qu’elles ne chantent. Il y est question de fuite, de pays où la pluie ne s’arrête jamais, de camps, de murs, de frontières fermées, d’impasse… Enregistré à Istanbul, ce disque militant dénonce la situation faite aux migrants en Europe. Patrick Labesse

1 CD Glitterbeat/Differ-Ant.