Socialiste dissident, le maire de Dakar depuis 2009 est en détention provisoire dans une prison de la capitale depuis que cette affaire a éclaté en mars, ce qui ne l’a pas empêché d’être élu député en juillet / GEORGES GOBET / AFP

Sept ans de prison ont été requis, vendredi 16 février, devant le tribunal correctionnel contre le maire de Dakar, Khalifa Sall, jugé avec sept de ses collaborateurs pour « détournement de deniers publics » dans le cadre de la gestion de la mairie de la capitale sénégalaise.

Dans son réquisitoire, le procureur Serigne Bassirou Gueye a également requis une amende de 5,49 milliards de francs CFA (8,37 millions d’euros) à l’encontre de M. Sall, soit trois fois la somme des détournements présumés (1,83 milliard de FCFA ou 2,8 millions d’euros).

Khalifa Sall et ses coprévenus — directeur administratif et financier, comptables, secrétaire, employés par la ville — sont jugés pour le détournement présumé de cette somme des caisses de la mairie grâce à la production de fausses factures.

Le procureur a réclamé la même peine de sept ans à l’encontre du directeur administratif et financier, Mbaye Touré, et des peines de deux ans, dont un avec sursis, à cinq années de prison ferme contre les autres prévenus.

L’Etat du Sénégal, en tant que partie civile dans ce procès très médiatisé, réclame pour sa part plus de 10 millions d’euros de dommages et intérêts au maire et à ses coaccusés.

« Nous demandons la réparation » de cette somme dont l’Etat a été « frustré » entre 2011 et 2015, a dit dans sa plaidoirie jeudi l’agent judiciaire de l’Etat, Félix-Antoine Diome, un fonctionnaire du ministère des finances. M. Diome avait en outre réclamé 5 milliards de francs CFA (7,6 millions d’euros) au titre du « dommage moral »  subi, selon lui, par l’Etat, portant l’addition à plus de 10,4 millions d’euros.

Procès « politique »

Vendredi matin, la ville de Dakar, également partie civile mais qui conteste la présence de l’Etat au procès, a dénoncé un « acharnement »  contre Khalifa Sall, qui, à 62 ans, est l’un des principaux opposants au président Macky Sall.

L’Inspection générale d’Etat (IGE) a mené des enquêtes « partout »,  mais « un seul rapport a été publié », celui qui met en cause le maire de Dakar, a déclaré l’avocat de la Ville, Ousseynou Gaye, laissant entendre que l’Etat s’était « assis »  sur d’autres rapports de l’IGE incriminant d’autres municipalités ou institutions publiques.

Pour Khalifa Sall, dont la défense plaidera en principe de lundi à mercredi, ce procès « politique »  vise avant tout à l’empêcher de se présenter face à Macky Sall lors de la présidentielle de 2019.

Socialiste dissident, le maire de Dakar depuis 2009 est en détention provisoire dans une prison de la capitale depuis que cette affaire a éclaté, en mars, ce qui ne l’a pas empêché d’être élu député en juillet. Il avait multiplié ces dernières années les critiques envers la coalition présidentielle, dont est membre le PS, qui l’a finalement exclu à la fin de décembre.

Mardi, le tribunal avait visionné une vidéo d’une conversation où un ministre d’Etat et ancien adjoint à la mairie de Dakar, Mbaye Ndiaye, déclarait que « le problème de Khalifa Sall pourrait être réglé s’il avait accepté d’être avec nous » . Mais il a « refusé de se ranger », ajoutait ce membre de la majorité, en soulignant que le Parti socialiste l’avait également « enfoncé dans le trou ».