Fusillade en Floride : “Il s’était préparé pour ce truc”
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Dans les heures qui suivent une fusillade comme celle survenue, mercredi 14 février, dans un lycée de Parkland (Floride), le visage du tueur apparaît en boucle sur les écrans de télévision. La plupart du temps, il s’agit d’un homme jeune et blanc (dans 64 % des cas, selon le magazine Mother Jones), dont l’état mental est rapidement évoqué pour tenter de comprendre l’impensable. Mais bien souvent, aucun procès ne viendra éclairer les motivations du meurtrier ou répondre aux interrogations des proches des victimes. Dans la majorité des cas, le tireur est abattu par la police ou se donne la mort peu après le massacre. Et, rares sont ceux qui agissent au nom de motivations clairement exprimées.

Ainsi, les raisons qui ont amené Stephen Paddock à tuer 58 personnes, qui assistaient à un concert en octobre 2017 à Las Vegas (Nevada), demeurent inconnues. Il s’est suicidé sur place, sans rien dévoiler. Au cours de cette fusillade, la plus meurtrière de l’histoire des Etats-Unis, plus de 800 spectateurs ont été blessés. Un même scénario s’est répété quelques jours plus tard, au Texas, dans l’église de Sutherland Spring, où Devin Patrick Kelley a ouvert le feu et tué 26 personnes. Après une course-poursuite, il a été retrouvé mort au volant de sa voiture, une balle dans la tête. Lui non plus n’a pas laissé d’indices pouvant expliquer son acte.

Raisons idéologiques

A l’école primaire de Sandy Hook (Connecticut), lieu de la plus grande tragédie survenue en milieu scolaire en 2012, le meurtrier Adam Lanza, s’est aussi suicidé après avoir tué 28 personnes, dont 20 enfants. Un épilogue identique a marqué la plus grande tuerie de l’histoire sur un campus universitaire, en Virginie, en 2007 – Cho Seung-hui, un étudiant sud-coréen, y avait tué 33 personnes avant de se donner la mort –, de même que la fusillade au lycée de Colombine (Colorado), où Eric Harris et Dylan Klebold, ont tué treize lycées et enseignants, puis mis fin à leurs jours.

A Orlando (Floride), Omar Mateen, lui, a été abattu par la police après avoir décimé 49 personnes dans la boîte de nuit gay The Pulse en juin 2016. Dans ce cas, l’auteur de la tuerie a justifié son acte par des raisons idéologiques, affirmant durant le massacre avoir fait allégeance à l’organisation Etat islamique (EI). Un même motif terroriste a provoqué la tuerie de San Bernardino (Californie) en 2015, au cours de laquelle un couple se revendiquant de l’EI a tué 14 personnes avant d’être abattu par les forces de l’ordre.

Un procès rapide

Il arrive néanmoins que la police parvienne à interpeller le suspect, ouvrant la voie à un procès rapide et une condamnation lourde. Ainsi, dans l’une des affaires les plus dramatiques de ces dernières années, Dylan Roof, un suprémaciste blanc, a pu être jugé pour le meurtre de neuf fidèles noirs dans une église de Charleston (Caroline du sud), commis en juin 2015. Ses motifs étaient clairement politiques : il a déclaré après son arrestation avoir voulu provoquer une « guerre ethnique ». En janvier 2017, il a été condamné à mort pour crime de haine. Il est incarcéré à la prison fédérale de l’Indiana, qui accueille les condamnés en attente de leur exécution.

James Holmes, l’auteur de la fusillade qui avait fait 12 morts dans un cinéma d’Aurora (Colorado) en 2012 a été condamné, en 2015, à 12 condamnations à perpétuité et 3 318 ans de prison, sans possibilité de libération anticipée. Jugé dans un premier temps psychologiquement inapte à participer à un procès, Jared Loughner, qui avait tué six personnes à Tucson (Arizona) en 2011, a finalement été condamné en novembre 2012 à une condamnation à vie et 140 ans de prison. Quant à Nidal Hasan, qui avait tué 13 personnes sur la base militaire de Fort Hood (Texas) en 2009, il est le seul à avoir été condamné à mort par un tribunal militaire. Il est en attente de son exécution.

Deux cas atypiques

La place des femmes dans ce sinistre tableau est anecdotique mais deux affaires au moins ont marqué les esprits ces dernières années. En 2006, Jennifer San Marco avait tué huit personnes à l’agence postale californienne, où elle travaillait puis s’était suicidée. En revanche, Cherie Lash Rhoades, auteur de quatre meurtres dans une réserve indienne de Californie en 2014, a été condamnée à mort en 2017.

Deux cas demeurent atypiques dans l’histoire sanglante des tueries de masses aux Etats-Unis. Mitchell Johnson et Andrew Golden, deux collégiens, âgés de 11 et 13 ans à l’époque des faits, avaient tué cinq personnes en 1998. Ils ont été emprisonnés jusqu’à leurs 21 ans puis relâchés en 2005 et 2007. Ils ont depuis eu maille à partir avec la justice, pour des délits liés aux armes à feu et à la drogue. L’un deux a fait un nouveau séjour en prison, avant d’être relâché en 2015. Ils sont donc les seuls tueurs de masse en liberté, selon la presse américaine.

Nikolas Cruz, l’auteur de la tuerie de mercredi à Parkland, a, lui, été arrêté sans incident une heure après les premiers tirs. Il a été conduit en prison et pourra donc être jugé.