Film sur TCM Cinéma à 22 h 40

L'Epouvantail ( bande annonce VF )
Durée : 03:30

Quarante-cinq ans après sa sortie, en 1973, L’Epouvantail possède toujours la même force et malmène toujours autant le spectateur. Si l’épouvantail est bien celui qui obsède les rêves du personnage interprété par Al Pacino, on pourra parler d’un mouvement de malaise généralisé dans ce film qui n’hésite pas à suivre une ligne de plus en plus dramatique et à aller jusqu’au bout de son sujet en montrant un homme dépressif gagné par la folie. L’Epouvantail est donc la réminiscence d’un âge d’or du cinéma américain qui, au début des années 1970, n’hésitait pas à faire ses films contre le public.

L’Epouvantail avait été très mal accueilli à sa sortie, comme les films précédents de Jerry Schatzberg, Portrait d’une enfant déchue et ­Panique à Needle Park, tout aussi remarquables. La critique amé­ricaine avait cru y voir les tics du photographe de mode qu’était par ailleurs Schatzberg : dans L’Epou­van­tail, la magnifique photo de l’opérateur Vilmos ­Zsigmond s’accorde pourtant totalement à une très sobre mise en scène. Comme dans beaucoup de films, le fonctionnement de L’Epouvantail est inscrit dans sa première scène, très énigmatique.

Fuite de sa paternité

Deux hommes, Max (Gene Hackman, dans l’une de ses meilleures compositions) et Lion (Al Pacino) se trouvent au bord d’une route faisant de l’auto-stop. Lion regarde Max avec insistance, et finit par faire route avec lui, sans raison apparente. Max vient de purger une peine de six ans de prison pour une bagarre. Lion a passé cinq ans dans la marine, où il s’était engagé pour fuir sa future paternité. Il cherche maintenant à revoir son enfant.

Avec Al Pacino (Lion)  et Gene Hackman (Max). | TMC

L’Epouvantail peut être rattaché à une tradition littéraire américaine qui remonte au Tom Sawyer de Mark Twain ou, plus récemment, à Des souris et des hommes, de John Steinbeck (un couple ­central masculin basé sur une dichotomie faible/fort, grand/petit). L’errance mise ici en scène, comme celle des films de Wenders, n’a toutefois pas de but, et tous les endroits traversés par Pacino et Hackman n’ont qu’une fonction secondaire. Leur parcours se détache progressivement d’un espace dans lequel ils tournent de plus en plus en rond, pour prendre un tour métaphysique.

L’Epouvantail,de Jerry Schatzberg. Avec Al Pacino, Gene Hackman, Richard Lynch (EU, 1973, 104 min).