La joie de Julia Pereira lors de la remise de sa médaille d’argent. / ERIC GAILLARD / REUTERS

C’était l’automne et le ciel était au beau fixe. Sur la scène de la Salle Pleyel, à Paris, le président de la Fédération française de ski (FFS), Michel Vion, affichait les ambitions françaises, à quelques mois des Jeux olympiques de Pyeongchang : « A Sotchi, la France avait établi un record de quinze médailles. L’ambition que l’on s’est fixée [pour 2018] est de vingt médailles olympiques. » Un objectif élevé mais justifié par l’empilement de médailles mondiales dans les disciplines olympiques sur les épaules bleues : après vingt et une en 2015, l’équipe de France dans son ensemble en a récolté vingt-trois en 2017.

Tout juste débarqué en Corée, quelques jours avant l’ouverture des Jeux, Fabien Saguez, le directeur technique national du ski français, réaffirmait cet objectif. Et de préciser : « Plutôt que d’être dans le combien, on va donc surtout être dans le comment », insistant sur le fait qu’il  « n’y aurait rien de facile ».

« Cet objectif est complètement atteignable. Il faudra des surprises agréables, mais il y a encore de quoi faire, notamment avec les relais. »

Martin Fourcade vient de manquer ses deux dernières balles lors du 20km de biathlon, alors qu’il était en tête de l’épreuve. REUTERS/Toby Melville / TOBY MELVILLE / REUTERS

Une semaine a passé depuis l’ouverture des Jeux, et la belle flamme bleue est un peu retombée. Avec trois titres, deux médailles d’argent et deux de bronze après la première semaine de compétitions, la France figurait au septième rang du classement des nations. Loin derrière l’Allemagne (15 médailles), et en-deça de ses objectifs. Qu’elle a discrètement revus à la baisse.

« Mon but est de faire mieux qu’à Sotchi, soit mieux que quinze médailles, explique Luc Tardif, samedi 17 février. A mi-chemin, cet objectif est complètement atteignable. Il faudra des surprises agréables, mais il y a encore de quoi faire, notamment avec les relais. » Et le chef de mission de la délégation française d’insister : mieux vaut attendre la fin de la semaine [l’entretien a été réalisé samedi matin] avant de tirer un premier bilan. Mais « ce qui est sûr, c’est que l’objectif de vingt médailles va être très difficile à atteindre, à moins d’une seconde semaine éblouissante. »

Ne souhaitant pas « apprécier le bilan sportif des Jeux tant qu’il y a des compétitions en cours », Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), explique qu’« en annonçant un objectif, on considère qu’il est réaliste en fonction de potentialités ». Rappelant que l’objectif de vingt médailles a été « basé sur les résultats des championnats du monde de l’année précédente », le patron de l’olympisme français précise : « On ne fixe jamais l’objectif au niveau le plus élevé : c’est toujours en équilibre entre les perspectives les plus heureuses et celles qui le sont moins. »

Le spectre du zéro pointé est déaj écarté en ski alpin

Deux tirs de Martin Fourcade qui loupent la cible (sur le 20 km du biathlon), Tessa Worley qui rate sa première manche du géant, quatre secondes qui manquent à Maurice Manificat (sur le 15 km en ski de fond), une chute de Tess Ledeux sur son dernier saut en slopestyle… La chance n’a guère souri à plusieurs Français candidats au podium, compromettant l’objectif de vingt médailles, qui aurait constitué un record dans l’histoire des Jeux d’hiver pour la délégation tricolore.

Avec les titres de Perrine Laffont en ski de bosses et Pierre Vaultier en snowboardcross, et l’argent de Julia Pereira de Sousa-Mabileau dans cette même discipline, les disciplines acrobatiques et cross ont comme prévu apporté leur quote-part de métaux précieux. Petite déception en revanche du côté du biathlon, gros pourvoyeur de médailles, avec deux courses qui ont échappé à l’emprise de Martin Fourcade. Mais deux podium néanmoins, l’or pour le Pyrénéen et le bronze pour Anaïs Bescond, tous deux en poursuite. Quant au tir groupé français sur le combiné (Alexis Pinturault 2e et Victor Muffat-Jeandet 3e), il écarte le spectre du zéro pointé en ski alpin et remplit – dès la première course − l’objectif de deux médailles fixé à la discipline.

En seconde semaine, il reste aux Bleus de nombreuses chances de briller. Outre l’inévitable Fourcade (une épreuve individuelle et deux relais), le couple Papadakis-Cizeron fait figure de favori en danse sur glace, de même que le ski-cross français (qui avait réalisé le triplé à Sotchi). Le podium est également envisageable pour les relais en ski de fond, combiné nordique et biathlon féminin, tout comme pour Alexis Contin en patinage de vitesse, le sprint par équipes en ski de fond, les géantistes ainsi que dans la nouvelle épreuve par équipes en ski alpin.

Sans oublier les surprises, toujours possible. « A tous les Jeux il y en a, souligne Luc Tardif, comparant ces épreuves d’un jour aux classiques en vélo. Des favoris ont du mal à concrétiser, et il y a des surprises. Il suffit d’une petite erreur et on est loin du podium. » Et le chef de mission de conclure : « A partir du moment où l’on fera entre quinze et vingt médailles, le bilan de ces Jeux sera positif. »