La brasserie Le Petit Bar à Ajaccio en Corse, en 2013. / AFP

Le procès de membres de la bande du Petit Bar se tiendra à huis clos. La cour d’assise des Bouches-du-Rhône a annoncé lundi 19 février que cette mesure avait pour but de protéger la vie du premier repenti « à la française », Patrick Giovannoni. Les membres du Petit Bar sont soupçonnés d’être impliqués, à des degrés divers, dans l’assassinat d’un ancien nationaliste corse, Antoine Nivaggioni, en 2010.

Une comparution publique de M. Giovannoni, 48 ans, dont les aveux ont fait tomber cette bande criminelle de Bastia, « serait de nature à mettre gravement sa vie en danger, au regard de la qualification des faits », a précisé le président de la cour Patrick Ramaël.

Ce procès a valeur de test pour la crédibilité de ce statut de repenti inspiré de la lutte antimafia en Italie et aux Etats-Unis. Cet ex-agent de sécurité est le numéro un d’un programme de protection et de réinsertion institué en 2014.

Refaire leur vie

En brisant la loi du silence en 2015, Giovannoni a fait tomber l’un des groupes criminels les plus emblématiques de ces dernières années en Corse. Dans le dossier, M. Giovannoni est considéré comme une petite main, ayant contribué à la logistique de l’assassinat d’Antoine Nivaggioni, commandité selon les investigations par Jacques Santoni. Le crime pourrait s’inscrire dans le cadre de la guerre des gangs opposant la bande ajaccienne au clan d’Alain Orsoni, lui aussi un ancien responsable nationaliste.

La Commission nationale de protection et de réinsertion, seule autorisée à accorder le statut de « collaborateur de justice », avait accepté, le 18 février 2015, la demande du procureur de la République de Marseille le concernant, en échange de ses aveux et accusations reçus dans plusieurs dossiers de criminalité corse, instruits par la juridiction interrégionale spécialisée. Pour assurer sa sécurité, la cour d’assises se doit impérativement de soustraire aux regards le visage de Patrick Giovannoni.

Comme tous les repentis, il a pu bénéficier des gros moyens prévus par la loi pour assurer sa sécurité. En échange d’une collaboration complète, l’Etat s’engage à aider les repentis à refaire leur vie à l’abri, éventuellement avec une identité d’emprunt, à la manière des services de renseignement.

Le cas Santoni disjoint

Signe que l’audience sort de l’ordinaire, le tribunal a aménagé une place spéciale dans la salle des assises pour M. Giovannoni, loin du box des accusés, « au pied de l’accusation », comme l’a souligné MChristian de Saint-Palais, avocat de l’un des accusés, Eric Coppolani.

Présenté comme le « parrain » de la bande du Petit Bar, tétraplégique, Jacques Santoni, ne s’est pas présenté à l’audience pour raisons de santé. Son cas a été disjoint, et le procès se tiendra donc en son absence.