Le siège de Lactalis, le 17 janvier 2018, après la descente de police concernant l’affaire du lait contaminé. / JEAN-FRANÇOIS MONIER / AFP

C’est une obligation annuelle légale dont s’était passé Lactalis jusqu’à présent : le groupe a déposé, à la mi-février, les comptes de plusieurs de ses sociétés au tribunal de commerce de Laval, selon une information de Ouest-France, confirmée par l’Agence France-Presse (AFP).

Les comptes publiés concernent notamment les sociétés Lactalis Services Management, Lactalis Investissements, Lactalis Logistique, Lactalis Nestlé Ultra-Frais ou le Groupe Lactalis, selon les annonces parues mercredi 14 février au Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (Bodacc). Les comptes plus récents concernent l’exercice 2016. Ils n’étaient pas encore accessibles en ligne lundi matin.

L’affaire du lait contaminé à l’origine de cette publication

Depuis l’affaire des laits infantiles contaminés aux salmonelles dans son usine de Craon (Mayenne), qui a été révélée le 2 décembre, Lactalis est sous pression. La loi dite « Sapin 2 », promulguée à la fin de 2016, a renforcé les sanctions pour les entreprises qui refusent de publier leurs comptes. Elle donne aussi le pouvoir au président de l’Observatoire des prix et des marges alimentaires de saisir le tribunal de commerce pour obtenir les informations. Ce qui a été fait en mars 2017. Sans résultat jusqu’à mercredi 14 février.

A la fin de janvier 2017, le directeur de la communication de Lactalis, Michel Nalet, avait pourtant assuré aux sénateurs que son groupe allait collaborer avec l’Observatoire des prix et des marges. « Nous ne sommes pas opposés au dépôt des comptes, mais nous sommes opposés au jeu de la communication qui pourrait en être fait », avait déclaré M. Nalet devant la commission des affaires économiques du Sénat.

Concernant les comptes de l’exercice 2017, « on se mettra en conformité avec la loi », a fait savoir M. Nalet à l’AFP lundi 19 février.

Une volonté délibérée de ne pas publier ses comptes

N’étant pas coté en Bourse, le groupe familial considère qu’il n’a pas l’obligation de publier ses comptes et préfère payer une amende si nécessaire.

La dernière publication de Lactalis en France remonte à 2011, lorsque le groupe de Laval s’était justement lancé dans une OPA hostile contre l’italien Parmalat. A l’époque, les chiffres concernaient l’exercice 2010. L’entreprise affichait alors un chiffre d’affaires de 10,4 milliards d’euros et un bénéfice net de 308 millions d’euros.

En janvier 2017, le groupe a de nouveau publié certains de ses comptes, mais seulement en Italie, à l’occasion d’une nouvelle tentative de rachat des derniers 2,26 % du capital de l’italien Parmalat. Ces résultats, publiés en italien, portaient sur 2015, avec un bénéfice net de 432 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 16,8 milliards. Soit une marge opérationnelle de 6 % et une marge nette de 2,5 %. Loin de la marge opérationnelle de Danone, estimée à 13,8 % en 2016.

Salmonellose : 25 nourrissons contaminés entre 2006 et 2016 par la bactérie de l’usine Lactalis

L’institut Pasteur confirme jeudi 1er février que la bactérie trouvée dans l’usine de lait infantile Lactalis à Craon – à l’origine de deux épidémies de salmonellose chez des nourrissons en 2005 et 2017 – en a également contaminé 25 autres entre 2006 et 2016.

« Ce sont des cas sporadiques de salmonellose chez des nourrissons, 25 sur dix ans, pour lesquels nous avons pu confirmer qu’il s’agissait de la même souche » de salmonelle qu’en 2005 et 2017, a expliqué le directeur du Centre national de référence salmonelles à Pasteur, François-Xavier Weill.

Le PDG de Lactalis avait admis dans un entretien aux Echos « ne pas exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé » entre 2005 et 2017, puisque la salmonelle de sérotype Agona « responsable des problèmes » est « la même que celle de 2005 ».