Alexia, l’une des étudiantes qui témoignent dans le cadre de notre série « Voix d’orientation ». / Alexia / La ZEP via Campus

Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants de leurs parcours d’orientation. Cette semaine, Alexia, 20 ans, étudiante en sociologie à Paris, témoigne :

Ces dernières années scolaires ont été compliquées pour moi. J’ai redoublé ma seconde car je n’étais plus motivée, je n’arrivais à rien, je ne savais pas pourquoi j’étais là. Le lycée et l’ambiance ne me plaisaient pas du tout. J’y allais la boule au ventre.

Je suis allée chez la conseillère d’orientation dans ce lycée, mais cela m’a encore
plus perdue. J’ai même eu un rendez-vous avec le proviseur qui voulait m’envoyer en bac pro céramique sous prétexte que j’avais de bonnes notes… en arts visuels et que c’était la seule matière où j’étais à peu près douée (ce qui ne me plaisait pas plus que ça). J’ai donc décidé de changer de lycée et de refaire une seconde générale.

C’est là que je suis allée chez un autre conseiller d’orientation qui, cette fois, m’a vraiment aidée. En fonction de mes notes et de mes préférences au niveau des matières, il m’a poussée à intégrer la filière S. C’était ce que je voulais faire, mais je n’étais pas sûre de moi car je ne connaissais personne qui avait suivi cette voie. Il m’a rassurée et m’a expliqué que c’était possible de réussir avec mes résultats et ma détermination.

« Mes lacunes m’ont fait douter »

Arrivée en première S, je me suis rendue compte de mes lacunes, qui se sont accumulées au cours de l’année. Le rythme était trop rapide pour moi, j’ai vite eu un train de retard par rapport aux autres, mais j’étais dans la filière que je voulais et j’ai fait de mon mieux. J’ai toujours voulu devenir professeure des écoles, et le conseiller d’orientation m’avait fait découvrir la licence EFEC, qui prépare aux métiers de l’enseignement. Mais mes lacunes m’ont beaucoup fait douter : je ne savais plus ce que je voulais et je me trouvais nulle.

Mon prof principal voulait me faire redoubler car mes notes étaient trop justes, mais j’ai
refusé. Je préférais tenter ma chance en terminale et au bac, et redoubler à ce moment-là si besoin. C’est ce qui s’est passé : j’ai raté le bac au rattrapage. Impensable pour moi de refaire une terminale dans un lycée. J’ai pensé tout arrêter et m’orienter vers un CAP, mais mon entourage m’a conseillé de continuer, de ne pas lâcher, le conseiller d’orientation également. Il m’a parlé des cours à « mi-temps » dans un lycée, mais ça ne me convenait pas.

J’ai donc réussi à convaincre ma famille de m’inscrire aux cours à distance avec le CNED. Pour moi, c’était une évidence, ça allait me permettre d’acquérir une méthode de travail pour la fac, ça allait m’apprendre à gérer mon travail seule. Mais surtout, j’allais pouvoir travailler à mon rythme et insister sur mes lacunes (chose que je n’aurais pas pu faire au lycée, puisqu’il faut suivre le programme et le rythme de la classe). De plus, le fait d’être toujours chez soi me convenait parfaitement car je suis très casanière.

« Une année pour me retrouver »

J’avoue ne pas trop m’être servie des cours du CNED [Centre national d’enseignement à distance] puisque j’avais déjà mes anciens cours qui me convenaient parfaitement. J’ai commencé à les retravailler doucement, à mon rythme, et lorsque je me sentais prête, j’envoyais des devoirs sur la plate-forme. Cette année m’a permis de me retrouver, de prendre soin de moi, de ma santé, en me détendant chez moi, de penser tranquillement à mon avenir (et non dans la précipitation du lycée). C’est l’avantage d’être en candidat libre. Mais il y a aussi des inconvénients : personne sur mon dos pour me dire de me bouger les fesses, de faire des exercices d’entraînement, etc. C’était à moi de gérer tout ça, de me gérer seule et c’est ce qui m’a aussi plu, cette année.

Au pire des cas, si vraiment j’étais bloquée, il y avait notre groupe d’entraide sur Facebook avec tous les autres « cnediens ». Ce groupe m’a aussi beaucoup aidée dans les moments de faiblesse. Cette année m’a également permis de me rapprocher d’une amie dans le même cas (candidat libre) que moi. Nous allions faire nos séances de sport ensemble et on parlait du CNED.

J’ai eu l’avis « favorable », qui m’a sauvée pour valider le bac au rattrapage. Donc oui, j’ai réussi à avoir mon bac S avec le maximum de points à rattraper ! Et seulement grâce aux points récupérés dans ma spécialité ! Et j’ai aussi pu prendre mon temps pour revoir mes vœux. L’idée de faire une fac de médecine m’a vaguement traversé l’esprit. Mais en recontactant le conseiller d’orientation, il m’a fait revenir vers mon idée de base (prof des écoles) qui me correspondait le plus.

« Au moins, tu as quelque chose »

Il m’a rappelé mon amour pour les enfants, pour tous les métiers qui tournent autour d’eux. Il m’a parlé de plusieurs licences, et des passerelles qui pourraient aussi m’intéresser pour chacune. J’ai donc fait des vœux sur APB dans cet ordre : licence EFEC, licence sciences du langage, licence de sociologie, licence d’histoire. Dès la première phase d’admission, j’ai été acceptée en sociologie. Ce n’était pas ce qui me plaisait le plus, mais par rapport au cafouillage qu’il y a eu avec APB je me suis dit « au moins, tu as quelque chose ».

La rentrée est arrivée. Ça me plaît finalement. Je ne compte pas en faire mon métier mais disons que ça me plaît assez pour essayer de valider une licence et d’atteindre le
master MEEF [métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation] premier degré, pour devenir enseignante. Aujourd’hui, j’ai certes perdu deux ans, mais ces années m’ont permis de me remettre en question et, avec l’aide professionnelle de mon conseiller, de choisir ce qui était le mieux pour moi, et donc choisir ce que je voulais vraiment. Mon aventure de « cnedienne » restera également gravée en moi. Cela m’a apporté une bouffée d’oxygène qui me permet de continuer aujourd’hui à avancer.

Logo la ZEP. / La ZEP / Le Monde

La Zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-25 ans

La Zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. Via des ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.

Tous leurs récits sont à retrouver sur la-zep.fr.

Participez à « O21 / S’orienter au 21e siècle »

Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions lors du choix des études supérieures, Le Monde organise la seconde saison d’« O21 / S’orienter au 21e siècle », avec cinq dates : après Nancy (1er- 2 décembre) et Lille (19 - 20 janvier), rendez-vous à Nantes (vendredi 16 et samedi 17 février 2018, à la Cité des congrès), avant Bordeaux ( vendredi 2 et samedi 3 mars 2018, au Rocher de Palmer à Cenon) et Paris (samedi 17 et dimanche 18 mars 2018, à la Cité des sciences et de l’industrie).

Dans chaque ville, les conférences permettent au public de bénéficier des analyses et des conseils, en vidéo, d’acteurs et d’experts, et d’écouter et d’échanger avec des acteurs locaux innovants : responsables d’établissements d’universités et de grandes écoles, chefs d’entreprises et de start-up, jeunes diplômés, etc. Des ateliers pratiques sont aussi organisés.

Il reste des places pour participer à O21 Nantes ! Et les inscriptions sont ouvertes pour O21 Bordeaux (Cenon) et les présinscriptions possibles pour O21 Paris.

En images : les temps forts d’O21, nos conférences pour s’orienter au 21e siècle, à Nancy

Pour inscrire un groupe de participants, merci d’envoyer un e-mail à education-O21@lemonde.fr. L’éducation nationale étant partenaire de l’événement, les lycées peuvent organiser la venue de leurs élèves durant le temps scolaire.