La sortie mercredi 14 février du film Black Panther, qui met en scène le premier super-héros noir de la culture comics, continue à faire des remous sur Internet. Déjà victime de plusieurs actions coordonnées malveillantes en ligne, le film a fait l’objet, ces derniers jours, de plusieurs tweets véhiculant de fausses informations.

Ces messages faisaient croire, photos sanglantes à l’appui, que des spectateurs blancs de Black Panther avaient été agressés par des personnes noires. « Un groupe de jeunes Noirs a dit que ce film n’était pas pour moi. Je suis blanc. Ils m’ont ensuite agressé. Je vais aux urgences », pouvait-on lire dans un message. Dans un autre, « je suis allé voir Black Panther avec ma petite amie, et un adolescent noir a crié “vous n’êtes pas dans le bon cinéma” et a écrasé une bouteille sur son visage ».

Ces impostures ont rapidement été démasquées : une simple recherche sur Google images permettait en quelques secondes de constater que les photos reproduites dans ces tweets n’étaient pas nouvelles, et n’avaient rien à voir avec Black Panther.

Des dizaines de parodies

Cette réaction rapide a endigué la propagation de ces tweets, et ouvert la voie, à la place, à un flot de parodies. « C’est une photo de mon père. Hier soir, nous sommes allés voir Black Panther, et il a été agressé par un groupe d’ados noirs sur un parking. Ils s’en sont pris à lui avec un lance-flammes », peut-on par exemple lire dans un tweet partagé près de 50 000 fois, accompagné d’une photo du personnage Double-Face dans le film The Dark Knight.

« Hier soir, je suis allé voir Black Panther quand un enfant noir qui avait l’air d’avoir 4 ans m’a dit que ce film n’était pas pour moi et m’a violemment agressé avec une bombe atomique de 18 mégatonnes. »

Des dizaines de tweets ont ainsi pris le contre-pied des messages racistes initialement publiés sur le réseau social. Une partie de ceux-ci ont été supprimés par Twitter, mais quelques-uns, peu partagés, sont toujours en ligne.

La pop culture visée par l’extrême droite

Ce n’est pas la première fois que Black Panther est la cible d’internautes mal intentionnés. Avant la sortie du film, un groupe Facebook, mené par des utilisateurs liés à la mouvance nationaliste et suprémaciste, avait annoncé son intention de faire baisser la note de Black Panther sur Rotten Tomatoes, un site américain de référence sur le cinéma, en l’inondant de commentaires négatifs. Rotten Tomatoes avait répondu au Hollywood Reporter qu’il ne tolérerait pas ce type d’agissements. De son côté, Facebook avait désactivé le groupe en question.

En France, quelques jours avant sa sortie, plusieurs actes de vandalisme en ligne ont été constatés. Un internaute a, par exemple, modifié la page Wikipedia française du film pour transformer le titre québécois en Les Dix Petits Nègresune modification révoquée une vingtaine de minutes plus tard par un autre utilisateur de l’encyclopédie en ligne. Un utilisateur du site Sens critique, qui permet aux internautes de partager leur avis sur des œuvres, a également modifié le titre original du film, pour le remplacer, là aussi, par Les Dix Petits Nègres.

Par ailleurs, le week-end précédant la sortie du film, le titre s’affichant sous l’affiche Black Panther, dans la version française de Google, est devenu La Planète des singes : suprématie. Ce qui, selon Google France, relevait d’une erreur technique, et non d’un acte malveillant – d’autres titres, d’autres films, avaient aussi été mélangés.

Films et séries grand public sont régulièrement la cible de groupes d’internautes d’extrême droite, qui reprochent à la pop culture ses tentatives de diversification. A la fin de 2016, le film Rogue One, issu de l’univers Star Wars, avait par exemple fait l’objet d’un appel au boycott, de la part d’internautes estimant qu’il s’agissait d’un film « anti-Blancs » et de « propagande féministe ». Ce qui ne l’a pas empêché de devenir le plus grand succès au box-office américain cette année-là. Black Panther semble prendre le même chemin : le film, salué par la critique, a fait un démarrage spectaculaire, engrangeant 192 millions de dollars lors de son premier week-end, dépassant déjà d’une vingtaine de millions les attentes, déjà élevées, des pronostiqueurs.