L’essentiel

  • Depuis dimanche 18 février la zone de la Ghouta orientale, dans la banlieue de Damas, la capitale de la Syrie, fait l’objet d’une importante offensive aérienne menée par le pouvoir syrien et son allié russe.
  • Mercredi 21 février, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) estimait à près de 300 le nombre de personnes tuées dans les bombardements depuis dimanche.
  • Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a réclamé l’arrêt des combats et la Russie a demandé la tenue, jeudi, d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU.

Le contexte

Bastion rebelle depuis le début de la révolution syrienne, ancien « poumon vert » de la capitale, Damas, la Ghouta fait l’objet depuis 2013 d’un siège de la part du régime syrien. Plus de 400 000 personnes y résident toujours, et une importante partie de la population est composée d’enfants.

Les bombardements des derniers jours sont les prémices d’une vaste opération terrestre de l’armée syrienne pour déloger les rebelles de la zone.

Depuis le début du conflit des bombardements quotidiens ciblent cette enclave d’où proviennent régulièrement des obus rebelles visant Damas.

La situation humanitaire y est devenue dramatique. Les denrées et les médicaments manquent. L’ambassadeur de la France à l’ONU, François Delattre, parle d’un « siège digne du Moyen Age ».

L’ONU a annoncé, mardi soir, que six hôpitaux présents dans la zone avaient été touchés par des frappes en quarante-huit heures. Trois d’entre eux sont hors service, deux opéraient partiellement.

La carte

January 30, 2012--Thousands of Syrian troops backed by tanks and armoured vehicles have retaken areas of Damascus held by anti-government forces in some of the fiercest fighting reported during the 10-month uprising. Graphic shows suburbs where clashes between government and rebel forces have taken place in Damascus. / « Le Monde »

La citation

« J’appelle toutes les parties impliquées à un arrêt immédiat de toute action de guerre dans la Ghouta orientale afin de permettre une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin. »

C’est la déclaration qu’a faite, mercredi, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU. Selon lui, la Ghouta orientale est devenue « l’enfer sur Terre ».

D’après les diplomates, la plus haute instance de l’ONU est appelée à voter dans les jours à venir un projet de résolution imposant un cessez-le-feu d’un mois en Syrie.

L’image

Un membre des casques blancs syriens aide à évacuer des civils après le bombardement d’un immeuble dans le quartier de Saqba dans la Ghouta orientale, le 20 février. / ABDULMONAM EASSA / AFP

La paralysie de la communauté internationale

Face à la catastrophe humanitaire qui se déroule sous ses yeux, la communauté internationale peine, comme depuis le début du conflit syrien, à adopter une position commune contre les massacres.

Si plusieurs organismes des Nations unies condamnent cette sanglante campagne, ils n’ont pas de réel pouvoir politique. Les grandes puissances sont, elles, paralysées par leurs divisions et laissent le champ libre au régime de Bachar Al-Assad.

A défaut, le président français, Emmanuel Macron, a par exemple demandé « une trêve afin de s’assurer de l’évacuation nécessaire des civils, du maintien ou plutôt de la création de tous les accès humanitaires indispensables dans les meilleurs délais ».

« Ce qui se passe dans la Ghouta orientale aujourd’hui est clairement, vigoureusement condamné par la France, a dit le chef de l’Etat. Car au prétexte de la lutte contre les terroristes djihadistes, le régime avec quelques-uns de ses alliés a décidé de s’en prendre à des populations civiles et vraisemblablement à certains de ses opposants. »

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réclamé, mercredi, l’accès à la Ghouta. « Nos équipes doivent être autorisées à se rendre dans la Ghouta orientale pour porter secours aux blessés », a rappelé Marianne Gasser, représentante du CICR en Syrie.

La comparaison avec Srebrenica »

Staffan de Mistura, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, avait plus tôt fait un parallèle avec les bombardements massifs qu’ont connus les habitants de la ville syrienne d’Alep, à la fin de l’année 2016.

La paralysie de la communauté internationale, qui ne parvient pas à adopter une position commune contre les massacres, fait réagir la presse internationale. Plusieurs médias internationaux comparent la situation avec la situation qu’avait connue la Bosnie. Le quotidien britannique The Guardian parle par exemple d’un « autre Srebrenica ». La chaîne américaine de télévision CNN estime qu’il s’agit d’un « tournant, comparable à d’autres moments critiques pour les droits de l’homme ces vingt-cinq dernières années ».