Une équipe de bénévoles en maraude recense les sans-abri le long des quais dans le 19e arrondissement de Paris à l'occasion de la première "Nuit de la Solidarité", le 15 février 2018. / LUCAS BARIOULET POUR LE MONDE

La Ville de Paris a fait les comptes, après le recensement des sans-abri lors de la Nuit de la solidarité, dans la nuit du 15 au 16 février. Les 1 700 bénévoles, répartis en 350 équipes, ont, cette nuit-là, rencontré 2 025 sans-abri dormant dans la rue, auxquels il faut ajouter les 200 personnes recensées par la SNCF dans les gares, 49 dans les services d’urgence des hôpitaux de l’Assistance publique, 377 dans les stations de métro et de RER, 112 dans les parkings gérés par Vinci – qui s’était associé à l’opération –, sans oublier les 129 personnes qui passaient la nuit dans le Bois de Vincennes, 20 autres dans le Bois de Boulogne, et 40 dans le parc de La Colline (18e).

Ce sont donc 2 952 personnes trouvées dehors, auxquelles on peut ajouter les 672 hébergées de façon très provisoire, pendant cette période de grand froid, dans des gymnases et des salles de mairie, ce qui porte le total à 3 624 sans-abri. « Pour accueillir tout le monde, il nous manque bien 3 000 places pérennes, estime Dominique Versini, adjointe à la maire de Paris chargée des solidarités et de la lutte contre l’exclusion. Il faut donc conjuguer les efforts de l’Etat et de la Ville. »

Ce chiffre de 3 624 sans-abri à Paris intra-muros peut être considéré comme un minimum, puisque, cette même nuit, plan hivernal oblige, un grand nombre de lits étaient mis à disposition, dont 1 600 places qui seront fermées dès le 31 mars, mais aussi parce que certains espaces n’ont pas été explorés, comme des talus de périphérique ou des chantiers. En outre, les personnes dormant dans des tentes n’ont pas pu être toutes comptabilisées.

Plus dense dans le nord et l’est

La géographie des sans-abri reste, sans surprise, plus dense dans les arrondissements du nord et de l’est de la capitale. Le 10e arrondissement, avec ses deux gares, est celui qui en compte le plus, avec 266 personnes recensées, devant le 18e (250 personnes) et le 19e (212 personnes). Mais les arrondissements centraux ne sont pas épargnés : 95 personnes dans le 4e ; 86 dans le 2e ; 62 dans le 5e ; 79 dans le 6e ; 66 dans le 7e.

Cette opération de comptage, la première du genre à Paris, a mobilisé des bénévoles qui, pilotés par des professionnels, sont vraiment allés au contact des sans-abri, dépassant leur timidité et leurs préventions. La vingtaine d’équipes de secours, prêtes à se déplacer en cas d’urgence, a réalisé une cinquantaine d’interventions pour mettre à l’abri des personnes jugées vulnérables.

Tous les volontaires seront réunis, courant mars, pour un bilan et la préparation de la Nuit de la solidarité 2019. La préfecture d’Ile-de-France a, elle, annoncé la réactivation du plan grand froid à partir de mercredi 21 février.