La photo de Carolyn Kaster de l’agence AP, montre cinq points, dont quatre sont lisibles : 1) Que voulez que je retienne en priorité de ce que vous avez vécu ? » 2) « Que peut-on faire pour que vous sentiez en sécurité ? » 4) « Des ressources ? Des idées ? »  5) « Je vous entends. » / Carolyn Kaster / AP

Si le moment n’était empreint d’une intense émotion, il serait comique. Une semaine après la fusillade de Parkland (Floride), qui a fait 17 morts, le président américain Donald Trump, dont la campagne a reçu d’importantes subventions de la puissante NRA (la National Rifle Association, principal lobby en faveur du port d’armes aux Etats-Unis), avait organisé, mercredi 21 février à la Maison Blanche, une « réunion d’écoute » avec des parents, des élèves et des enseignants, témoins et victimes des fusillades de Parkland et Sandy Hook (en 2012, dans le Connecticut), notamment.

Le président a surtout écouté et fait quelques vagues propositions, promettant de faire vérifier les antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs d’armes ou d’armer une partie du corps enseignant.

Autant que ces généralités, ce sont les « éléments de langage » destinés à Donald Trump, notés sur une petite fiche, qui ont accaparé une partie de l’attention. Plusieurs photographes, dont Carolyn Kaster de l’agence AP, ont immortalisé les mains du président tenant une note sur laquelle apparaissent cinq points, dont quatre sont lisibles :

  • « Que voulez que je retienne en priorité de ce que vous avez vécu ? »
  • « Que peut-on faire pour que vous vous sentiez en sécurité ? »
  • « Des ressources ? Des idées ? »
  • « Je vous entends. »

Cruel manque d’empathie

CNN relève que le président ne s’est visiblement pas servi de ces éléments de langage, ni d’un prompteur, prenant un ton emprunt d’émotion lors de ses interventions. Pour le Washington Post, cette note reflète son cruel manque d’empathie.

Son comportement à l’égard des victimes lui avait déjà été reproché après le passage de l’ouragan Harvey au Texas, fin août 2017, puis lorsqu’il s’en était pris à la maire de San Juan (Puerto Rico) après le passage de l’ouragan Maria, en octobre 2017. Après la fusillade de Parkland, il s’est essentiellement intéressé aux forces de l’ordre et aux médecins avant d’aller jouer au golf, alors que les familles enterraient les victimes.

Sur les réseaux sociaux, les opposants au président s’en sont donné à cœur joie, relève The Hill, qui reprend certaines réactions : un certain Darth imagine l’entourage du président lui rappelant de bien se « rappeler du point numéro 5 », celui qui consiste à dire : « Je vous entends. » Le groupe de rock The Mountain Goats constate que le président a besoin d’une note lui rappelant qu’il faut « écouter les victimes ». Désabusée, une autre internaute écrit : « Si on a besoin de vous dire qu’il faut montrer de l’empathie envers des enfants qui ont vu leurs camarades se faire assassiner, c’est que vous êtes vraiment l’incarnation du mal. »

La note de Donald Trump fait aussi songer au livre de Michael Wolff, Le Feu et la Fureur – Trump à la Maison Blanche (dont l’édition française paraît, ce jeudi 22 février, aux éditions Robert Laffont), qui dépeint un président incapable de se concentrer et sujet aux pertes de mémoire.