L’« enquête russe » continue de défrayer la chronique. Robert Mueller, le procureur spécial enquêtant sur l’ingérence russe dans la présidentielle américaine, a annoncé jeudi 22 février de nouvelles poursuites à l’encontre de l’ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, et de l’ex-associé de ce dernier, Richard Gates. L’acte d’accusation détaille 32 nouveaux chefs d’inculpation, concernant des faits présumés de fraude fiscale et de dissimulation de comptes bancaires à l’étranger. MM. Manafort et Gates sont déjà inculpés pour des infractions similaires. En riposte, l’ancien directeur de campagne avait porté plainte en janvier contre Robert Mueller jugeant qu’il avait outrepassé son autorité légale dans cette enquête.

D’environ 2006 à 2015, les deux hommes ont travaillé comme consultants politiques et lobbyistes au service du président ukrainien Viktor Ianoukovitch, soutenu par Moscou, et des partis proches de ce dirigeant qui a été renversé en 2014. Ils sont accusés d’avoir monté un système complexe permettant de ne pas déclarer au fisc américain une grande partie de leurs millions de dollars de revenus.

Selon l’acte d’accusation, plus de 75 millions de dollars ont ainsi transité par des comptes offshore. Les deux suspects se voient reprocher d’avoir blanchi dans le processus plus de 30 millions de dollars.

Un faux témoignage qui dessert le tandem Manafort-Gates

« Paul Manafort est innocent des accusations portées contre lui dans ces nouvelles inculpations, et il est convaincu qu’il sera acquitté », a réagi son porte-parole. « Les nouvelles accusations contre M. Manafort, une fois encore, n’ont rien à voir avec la Russie et l’interférence/collusion dans l’élection de 2016. »

Ce dernier a dirigé de juin à août 2016 l’équipe de campagne de M. Trump, dont il a été écarté quand sa proximité avec les intérêts russes en Ukraine a été révélée. Fin octobre, M. Mueller avait retenu contre MM. Manafort et Gates douze chefs d’accusation, dont blanchiment, fausses déclarations et non déclaration de comptes détenus à l’étranger. Les deux hommes, laissés en liberté mais soumis à un strict contrôle judiciaire, ont rejeté les accusations qui les visent.

Mardi, un avocat membre d’un cabinet international ayant également œuvré à redorer l’image de Viktor Ianoukovitch a été inculpé de faux témoignage par le procureur spécial. Cet avocat, Alex van der Zwaan, a plaidé coupable d’avoir menti à des enquêteurs de la police fédérale (FBI) concernant ses échanges avec Richard Gates. Cette reconnaissance de culpabilité met davantage sous pression le tandem Manafort-Gates, dont les avocats mènent une bataille procédurale permanente qui retarde la perspective de leur procès.