Manifestation en 2008 contre la fermeture définitive de la maternité de Clamecy. / JEFF PACHOUD / AFP

Le geste donne la mesure du désespoir. Confrontés à l’annonce de la fermeture des urgences la nuit à l’hôpital de Clamecy, dans le nord de la Nièvre, quelque 35 maires de communes voisines et près d’une quarantaine d’adjoints devaient remettre vendredi 23 février leur démission en sous-préfecture.

Les urgences de nuit à Clamecy « sont vitales. Elles sont à un quart d’heure de route. Si elles sont fermées, il faut près d’une heure pour arriver à Nevers. En hiver, avec la neige ou le verglas, c’est pire, il faut une heure et demie à deux heures », a déclaré le maire de Taconnay, commune de 80 habitants, à l’Agence France-Presse. « On a l’impression d’être complètement abandonnés. On a dû se battre pour garder une école il y a quinze jours » dans une commune voisine. « On a l’impression de devoir se battre pour tout. »

Jany Siméon, le maire de la Chapelle-Saint-André, a, lui, pris un arrêté symbolique sur sa commune de 300 habitants « interdisant la fermeture de l’accueil des urgences de nuit à l’hôpital de Clamecy ». Le texte dénonce la « mise en danger de la vie d’autrui », a précisé l’édile, qui a expliqué que le même arrêté avait été pris par de nombreux maires de la région. « On ne s’interdit pas de porter plainte », a-t-il complété.

Des aménagements « indispensables »

Les élus devaient rencontrer vendredi des représentants de l’agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté, alors que plus d’un millier de personnes avaient manifesté le matin devant les urgences pour le maintien du service de nuit. Selon l’ARS, le nouveau projet régional de santé est actuellement « soumis à consultation » et ne sera arrêté et publié que « courant juin 2018 ». Mais « pour les sites comme Clamecy, des analyses de fréquentation sont réalisées pour apporter une réponse au cas par cas, en adaptant les horaires aux besoins de la population réellement constatés », a précisé une porte-parole de l’agence.

« Des aménagements d’organisation deviennent indispensables, compte tenu du manque d’urgentistes dont souffre la région : il est nécessaire de mieux répartir leur présence sur le territoire », a poursuivi la même source, ajoutant que le SMUR (service mobile d’urgence et de réanimation) « restera effectif vingt-quatre heures sur vingt-quatre » quoi qu’il arrive.

Le préfet dispose d’un mois pour accepter ou non les démissions des élus. Il pourrait laisser passer les « Etats généraux de la santé » dans la Nièvre, organisés le 1er mars à Nevers, où les maires attendent de pied ferme l’intervention de la ministre de la santé, Agnès Buzyn.