Le procureur de la République à Orléans a ouvert mercredi 21 février une enquête préliminaire pour « provocation publique à la discrimination et la haine raciale » après deux tweets comparant à un singe une jeune fille métisse choisie pour incarner Jeanne d’Arc aux prochaines fêtes johanniques célébrant chaque printemps l’héroïne d’Orléans.

Le premier message comparait la lycéenne de 17 ans, d’origines béninoise et polonaise, à un babouin. Le second, répondant au premier, montrait une photo de bananes. L’objectif est d’« identifier les auteurs de ces tweets qui relèvent clairement de l’application de la loi pénale », a dit le magistrat. Les faits sont passibles d’une peine de cinq ans de prison, a-t-il précisé.

Depuis l’annonce lundi du choix de Mathilde Edey Gamassou, parmi environ 250 candidates, des militants de la droite identitaire, très actifs sur les réseaux sociaux, dénoncent une « propagande pro-métissage », marquant le « début d’une tentative de transformer l’histoire en un récit où ce seront les Arabes et les Noirs qui ont fait l’histoire de France depuis les débuts ».

« La haine raciste de la fachosphère n’a pas sa place dans la République française »

Des propos qui ont provoqué quelques réactions au sein de la classe politique. Notamment celle de la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre femmes et hommes, Marlène Schiappa, qui a apporté jeudi « tout [son] soutien » à la lycéenne. « La haine raciste de la fachosphère n’a pas sa place dans la République française », a tweeté la secrétaire d’Etat.

Sur Twitter, le maire d’Orléans Olivier Carré (indépendant, ex-LR) a dit son « honneur de présenter la jeune fille qui figurera Jeanne d’Arc lors des fêtes 2018 ».

Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), s’est déclaré « choqué ». Pour lui, le choix de la Jeanne d’Arc 2018 est « à l’image de la ville, populaire, dynamique, audacieuse ».

La présidente du comité Jeanne d’Arc, Bénédicte Baranger, a elle déploré la « polémique » et s’est dite « triste de penser que ce choix puisse susciter la moindre récupération ». « Cette jeune fille a été choisie pour ce qu’elle est, une personnalité intéressante et un esprit bien fait », a-t-elle rappelé à l’Agence France-Presse. « Elle répond aux quatre critères de choix que nous nous sommes fixés : résider à Orléans depuis dix ans, être scolarisée dans un lycée orléanais, être catholique et donner du temps aux autres », a-t-elle dit. « Il n’y a aucune provocation, elle portera notre histoire de France à tous, comme l’ont fait les autres Jeanne avant elle », a-t-elle ajouté.

La 589e édition de la célébration de la levée du siège d’Orléans en avril 1429 pendant la guerre de Cent Ans se déroulera du 28 avril au 8 mai. Elle sera marquée comme toujours par la chevauchée dans la ville de la jeune fille choisie pour jouer le rôle de la libératrice de la ville, en armure et étendard au poing.