Un « Casque blanc » inspecte un bâtiment touché par une frappe aérienne, dans le quartier rebelle de Saqba, dans la Ghouta orientale, en Syrie, le 23 février. / ABDULMONAM EASSA / AFP

Les bombes continuent de tomber sur la Ghouta orientale alors que le conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer samedi 24 février dans l’après-midi sur une proposition de résolution instaurant une trêve humanitaire de trente jours en Syrie.

En sept jours de raids aériens de la part du régime syrien sur l’enclave rebelle située en bordure de la capitale, plus de 500 civils ont été tués selon le dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

A Douma, grande ville de la Ghouta, 12 civils ont péri samedi dans ces frappes, a précisé l’Observatoire. Le bastion rebelle est depuis dimanche dernier la cible d’une opération militaire d’envergure, a laquelle participe, selon l’OSDH, l’aviation russe. La Russie a démentie plus tôt, samedi, son implication dans cette intense campagne de bombardement commencée le 18 février et prélude à une offensive terrestre.

Depuis 2013 la Ghouta orientale fait l’objet d’un siège de la part du régime de Damas. Environ 400 000 personnes y habitent toujours, les enfants composant une importante partie de la population. Les civils y résidant toujours subissent une situation humanitaire catastrophique, faite de pénuries de nourritures et de médicaments.

« Juste arrêtez la tuerie »

Le bruit des violents bombardements sur la Ghouta orientale a été entendu jusque tard dans la nuit de vendredi à samedi dans les quartiers de l’est de Damas, limitrophes du fief rebelle, selon un correspondant de l’Agence France-Presse.

En représailles aux raids, les rebelles ont tiré des roquettes sur la capitale Damas, a indiqué l’agence officielle Sana sans faire état de victimes. Depuis le 18 février, une vingtaine de personnes ont péri dans les tirs de roquettes, selon les médias officiels.

« Vous ne pouvez pas imaginer ce qui se passe dans la Ghouta », lance avec colère à l’AFP un habitant, Salem. « Comment le Conseil de sécurité ne parvient-il pas à adopter une simple résolution pour cesser le feu contre les civils ? » a-t-il demandé. « Nous ne voulons pas que vous nous donniez à manger ou à boire. Juste arrêtez la tuerie » ! a-t-il crié.

Des négociations ont été menées pendant plusieurs heures vendredi pour éviter un veto de la Russie, allié indéfectible du régime de Bachar al-Assad auquel elle apporte un soutien militaire crucial dans la guerre, et un nouveau texte de résolution prévoyant un cessez-le-feu immédiat a été mis au point.

La Ghouta orientale, au cœur du conflit syrien

Ancien « poumon vert » de Damas, situé à l’est de la capitale de la Syrie, la Ghouta orientale est un fief rebelle qui fait, depuis 2013, l’objet de bombardements quasi quotidiens.

Cette année-là, le conflit prend un nouveau tournant dans la zone avec des attaques chimiques dans les alentours de Damas ; en mai, les journalistes du Monde sur place sont les premiers à être témoins d’attaques chimiques lancées à l’entrée de la capitale durant plusieurs jours. Mais c’est surtout lors d’un massacre durant la nuit du 21 août de la même année que ces armes sont utilisées massivement.

A partir de 2015, des dizaines de civils sont affectées par les pénuries de nourriture et de médicaments.

Depuis l’été 2017, la région est censée être une des « zones de désescalade » créées en vertu d’un accord entre la Russie, l’Iran — principaux soutiens du régime — et la Turquie, qui appuie l’opposition. Mais les bombardements n’ont jamais cessé. Le 5 février, le régime lance une offensive aérienne d’une intensité inédite.

Dans la Ghouta orientale, les hôpitaux ciblés de façon « systématique »
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